Les violences sexuelles faites aux enfants : STOP AU DÉNI

Le 1er mars 2015, l’association Mémoire traumatique et victimologie publiait le rapport d’une grande enquête sur les violences sexuelles intitulée STOP AU DÉNI : Rapport d’enquête 2015

« Rapport d’enquête » et « synthèse du rapport d’enquête »

Stop au déni - rapport 2015 Stop au déni - synthèse rapport 2015

(à télécharger sur la page du rapport 2015)

Soutenue par Unicef France dans le cadre de la campagne internationale ‪#‎ENDViolence, l’enquête a été menée de mars 2014 à septembre 2014 sous la direction de la Dresse Muriel Salmona, psychiatre, psychothérapeute, victimologue et présidente de l’association Mémoire traumatique et victimologie.

L’enquête STOP AU DÉNI est basée sur un questionnaire de plus de 180 questions auquel plus de 1’200 victimes de violences sexuelles (dont 95 % de femmes) ont répondu, souvent avec de longs témoignages.

L’enquête a révélé que les enfants sont les principales victimes des violences sexuelles puisque 81% des victimes de violences sexuelles sont des mineur-e-s (majoritairement des filles) : 1 victime sur 5 a été violée avant 6 ans, 1 victime sur 2 a été violée avant 11 ans.

L’enquête a également révélé que 96 % des agresseurs sont des hommes, 94 % des proches, 1 enfant sur 2 est agressé par un membre de sa famille et 1 agresseur sur 4 est mineur, donc 3 agresseurs sur 4 (75 %) sont des adultes (pédocriminalité).

L’enquête a démontré les lourdes conséquences sur la santé mentale et physique des victimes, ainsi que les risques de suicide (1 victime sur 2 a tenté de se suicider) et les risques de grossesse (1 grossesse sur 5 « consécutive à un viol » affecte une mineure).

L’enquête a aussi démontré la loi du silence et le déni de ces violences sexuelles, puisque 83% des victimes interrogées déclarent n’avoir jamais été protégées et 67% des répondant-e-s qui ont porté plainte (donc intervention de la police) n’ont bénéficié d’aucune mesure de protection.

L’enquête révèle que seules 4% des victimes agressées dans l’enfance indiquent avoir été prises en charge par l’Aide sociale. Parmi celles qui ont porté plainte : 66% de celles qui avaient moins de 6 ans au moment des faits déclarent « n’avoir jamais été protégées », de même que 70% de celles entre 6 et 10 ans et 71% de celles entre 11 et 14 ans.

« Les violences sexuelles faites aux enfants »

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Infographie STOP AU DÉNI

(à télécharger sur la page du rapport 2015)

Liens et publications

Voici un grand nombre de liens et publications concernant l’enquête STOP AU DÉNI.

Le site de l’enquête : STOP AU DÉNI

Sur le site de l’enquête STOP AU DÉNI, la page de la campagne 2015 (un excellent résumé, avec une synthèse et des liens) : Campagne 2015

La page de l’Unicef France : Violences sexuelles faites aux enfants : stop au déni !

La chaîne officielle (sur Dailymotion) de la campagne de sensibilisation STOP AU DENI, pour la prise en charge médicale et judiciaire des victimes de violences sexuelles : STOP AU DENI – LES SANS VOIX

Vidéo « Rendez-vous le lundi 02 mars 2015 de 9h à 18h, salle Clemenceau au Palais du Luxembourg (16 rue de Vaugirard, Paris 75006) pour assister au Colloque de l’association Mémoire traumatique & victimologie, en partenariat avec l’UNICEF » : MEMOIRE TRAUMATIQUE COLLOQUE : 2 MARS 2015 AU SÉNAT

Message de Muriel Salmona (1er mars 2015) à propos de cette vidéo : « Afin d’inciter les pouvoirs publics à mettre en place en urgence un plan d’action visant à améliorer la prévention, ainsi que l’accompagnement et le soin des victimes de violences, l’association organise, avec le soutien de l’UNICEF, le colloque « Enquête de reconnaissance » qui se tiendra demain (le 2 mars 2015) au Palais du Luxembourg. De nombreux intervenants prestigieux seront présents, dont Laurence Rossignol, secrétaire d’État chargée de la Famille, des Personnes âgées et de l’Autonomie, Michèle Barzach, présidente de l’Unicef France, Geneviève Garrigos, présidente d’Amnesty France, et Christopher Mikton, rapporteur de l’Organisation mondiale de la santé. »

Le premier article sur l’enquête publié par 20Minutes.fr le 1er mars 2015 : «Plus les violences sexuelles ont lieu tôt dans l’enfance, plus leurs conséquences peuvent être lourdes à l’âge adulte»

Article publié par RTL le 1er mars 2015 : Le déni des violences sexuelles de l’enfance, un « scandale » de santé publique

Article publié par Huffington Post le 1er mars 2015 : Violences sexuelles: 81% des victimes sont des mineurs, 94% des agresseurs sont des proches, selon une enquête soutenue par l’UNICEF

Article publié par FranceInter.fr le 1er mars 2015 : Comment se reconstruire après des violences sexuelles

Article publié par Libération le 1er mars 2015 : Déni des violences sexuelles de l’enfance: un «scandale» de santé publique

Article publié par Le JDD le 1er mars 2015 : Enfants violés, marqués à vie

Article publié par Ouest-France le 1er mars 2015 : Société. L’accablante enquête sur les violences sexuelles

Article publié par Metronews le 1er mars 2015 : Les conséquences dramatiques du déni de violences sexuelles sur les enfants

Article publié par My TF1 News le 1er mars 2015 : Violences sexuelles pendant l’enfance : une étude donne l’alerte

Article publié par Le Parisien le 1er mars 2015 : Ce que deviennent les victimes de violences sexuelles

Article publié par France Soir le 1er mars 2015 : Violences sexuelles: en France, 81% des victimes sont mineures (VIDEO)

Article publié par Europe 1 le 1er mars 2015 : Les lourdes conséquences des viols subis dans l’enfance

Article publié par L’Express le 1er mars 2015 : En France, 81% des victimes d’abus sexuels sont mineures

A recommander particulièrement. Article publié par Libération le 2 mars 2015 : Violences sexuelles faites aux enfants : une urgence humanitaire par Michèle Barzach, présidente de l’Unicef France, et Muriel Salmona, présidente de l’association Mémoire traumatique et victimologie. Vu son intérêt, cet article est retranscrit intégralement ci-après.

Vidéo du 2 mars 2015 de BFMTV (dans Hondelatte Direct) : La mémoire traumatique, « véritable torture » des victimes de violences sexuelles (transcription complète de la vidéo ici)

Vidéo du 2 mars 2015 de France 5 (dans Les Maternelles) : Dr Muriel Salmona – Violences sexuelles : quelles séquelles à l’âge adulte ? (transcription complète de la vidéo ici)

Article publié par Paris Match le 2 mars 2015 : Le fléau de l’ombre – Violences sexuelles faites aux enfants

Article publié par Santé Magazine le 2 mars 2015 : Violences sexuelles pendant l’enfance : comment aider votre conjoint[e]

Article publié par Le Journal des femmes le 2 mars 2015 : Violences sexuelles : et après ?

Article publié par AlloDocteur.fr (France 5) le 2 mars 2015, avec vidéo de l’émission dont l’invitée est Michèle Barzach, présidente de l’Unicef France : Enfance : seules 4% des victimes de violences sexuelles prises en charge

Extrait : « Seules 4% des victimes agressées dans l’enfance indiquent avoir été prises en charge par l’Aide sociale. Parmi celles qui ont porté plainte, 66% de celles qui avaient moins de 6 ans au moment des faits déclarent « n’avoir jamais été protégées », tout comme 70% de celles entre 6 et 10 ans et 71% de celles entre 11 et 14 ans. « Il est urgent que les pouvoirs publics mettent en œuvre les moyens nécessaires pour protéger, accompagner et soigner efficacement les victimes afin d’enrayer le cycle infernal des violences », souligne le Dr Muriel Salmona. »

Article publié par Madmoizelle.com le 3 mars 2015 : « Stop au déni » interpelle sur les violences sexuelles qui touchent les mineurs

Article publié par RFI le 6 mars 2015 : Les violences sexuelles

Retranscription article « Les violences sexuelles faites aux enfants : une urgence humanitaire »

Voici l’article publié par Libération le 2 mars 2015 : Violences sexuelles faites aux enfants : une urgence humanitaire

Cet article de Michèle Barzach (présidente de l’Unicef France) et Muriel Salmona (présidente de l’association Mémoire traumatique et victimologie) donne un excellent résumé de l’enquête STOP AU DÉNI.

Retranscription complète de l’article :

« 81 % des victimes de violences sexuelles ont subi les premières violences avant l’âge de 18 ans. La quasi-totalité des enfants victimes développeront des troubles psychotraumatiques.

Les récentes études internationales de l’UNICEF et de l’OMS et notre enquête menée en France convergent dans le terrible constat d’une insuffisante reconnaissance et prise en charge des violences sexuelles subies par les enfants.

De toutes les violences sexuelles, celles qui touchent les enfants font partie des plus cachées. Chaque année, nous dit-on, 102 000 adultes sont victimes de viols et de tentatives de viol (86 000 femmes et 16 000 hommes) en France, mais on ne nous parle pas des victimes mineures pourtant bien plus nombreuses, estimées à 154 000 (124 000 filles et 30 000 garçons) (1). Dans le monde, 120 millions de filles (une sur dix) ont subi des viols, et la prévalence des violences sexuelles est de 18 % pour les filles et de 7,5 % pour les garçons (2).

Selon les résultats de notre enquête Impact des violences sexuelles de l’enfance à l’âge adulte, conduite auprès de plus de 1 200 victimes par l’association Mémoire Traumatique et Victimologie, et présentée le 2 mars 2015 avec le soutien de l’UNICEF France (dans le cadre de son action internationale #ENDviolence) : 81 % des victimes de violences sexuelles ont subi les premières violences avant l’âge de 18 ans, 51 % avant 11 ans, et 23 % avant 6 ans (3).

Des enfants condamnés au silence

Alors qu’ils sont les principales victimes de ces délits graves et de ces crimes (68 % de viols dans notre enquête), moins de 20 % déclarent avoir été reconnus comme victimes et protégés, et 30 % en cas de plainte, à peine plus. Les enfants sont d’autant plus pris au piège, condamnés au silence et abandonnés que 94 % de ces violences sont commises par des proches, et 52 % par des membres de la famille. Les agresseurs – essentiellement des hommes dont le quart sont des mineurs – bénéficient presque toujours d’une totale impunité.

Or, les violences sexuelles font partie des pires traumas, et la quasi-totalité des enfants victimes développeront des troubles psychotraumatiques. Ces traumas ne sont pas seulement psychologiques mais aussi neuro-biologiques avec des atteintes corticales et des altérations des circuits émotionnels et de la mémoire à l’origine d’une dissociation et d’une mémoire traumatique.

Faute d’être reconnus et soignés, ces enfants gravement traumatisés développent des stratégies hors normes pour survivre aux violences et à leur mémoire traumatique qui — telle une machine infernale à remonter le temps — leur fait revivre à l’identique ce qu’ils ont subi, comme une torture sans fin. Ces stratégies de survie (conduites d’évitement et conduites à risque dissociantes) sont invalidantes et à l’origine de fréquentes amnésies traumatiques (34 %). Traumas et stratégies de survie s’installent dans la durée si la mémoire traumatique n’est pas traitée de façon spécifique, ils vont gravement impacter la santé et la qualité de vie des victimes, et les exposer à des revictimisations (7 victimes sur 10 ont subi des violences sexuelles à répétition).

Un risque de mort précoce

Les conséquences sur la santé à long terme seront d’autant plus graves que les victimes ont subi un viol, alors qu’elles avaient moins de 11 ans, et qu’il s’agissait d’un inceste : risque de mort précoce par accidents, maladies et suicides (selon l’enquête, elles sont 45 % à avoir tenté de se suicider), de maladies cardio-vasculaires et respiratoires, de diabète, d’obésité, d’épilepsie, de troubles psychiatriques, d’addictions (pour 48 % des victimes), de troubles de l’immunité, de troubles gynécologiques, digestifs et alimentaires, de douleurs chroniques, etc.

Avoir subi des violences dans l’enfance est le déterminant principal de la santé 50 ans après et peut faire perdre jusqu’à 20 années d’espérance de vie si plusieurs violences sont associées (4).

Le manque de formation fait que, face à un enfant en souffrance, suicidaire, se mettant en danger, peu de professionnel-le-s s’interrogent sur ce que cache cette détresse, ou pensent à lui poser des questions pour savoir s’il a subi des violences (ce qui devrait être systématique lors de tout entretien). Les symptômes des enfants sont fréquemment banalisés, mis sur le compte de la crise d’adolescence, où sont, à l’inverse, parfois étiquetés comme des déficiences ou des psychoses, et font l’objet de traitements dissociants qui ne font qu’anesthésier la souffrance (5).

Un plan global de lutte contre les violences faites aux enfants

Pour les victimes, la non-reconnaissance de leurs psychotraumatismes est une perte de chance car une prise en charge adaptée leur permet, en traitant leur mémoire traumatique, de ne plus être colonisés par les violences et les agresseurs, d’activer une réparation neurologique et d’en stopper les conséquences.

Il est essentiel de protéger les enfants de toutes les violences et d’assurer le respect de leurs droits fondamentaux. Il faut garantir aux enfants victimes l’accès à la justice et à des réparations en améliorant les lois et les procédures, et un accès rapide à des soins spécialisés gratuits.

Nous réclamons la mise en place d’un plan global de lutte contre les violences sexuelles faites aux enfants, avec des campagnes d’information, une formation de tous les professionnels concernés et la création de centres de soins spécifiques. Sortir du déni, protéger et soigner les enfants victimes de violences sexuelles est une urgence humanitaire et de santé publique.

(1) INSEE-ONDRP, enquêtes Cadre de vie et sécurité de 2010 à 2013.

(2) rapports 2014 de l’UNICEF et de l’OMS

(3) rapport consultable sur les sites stopaudeni.com et memoiretraumatique.org

(4) FELITTI Vincent J., ANDA Robert F., 2010, et BROWN David W., 2009.

(5) SALMONA M., Le livre noir des violences sexuelles, Dunod, 2013.

Liste des cosignataires :

Anne Hidalgo Maire de Paris, Geneviève Avenard Défenseure des enfants, Adjointe du Défenseur des droits, Dominique Versini Adjointe à la Maire de Paris, chargée de toutes les questions relatives à la solidarité, aux familles, à la petite enfance, à la protection de l’enfance, à la lutte contre l’exclusion, aux personnes âgées, Frédéric Worms Professeur de philosophie à l’Ens, Dominique Attias Avocate, membre de la Commission Enfance en France de l’UNICEF France, Isabelle Thieuleux Avocate, Dre Monique Martinet Neuro-Psychiatre Pédiatre, Présidente – Conseiller Scientifique AIR – AIRMES, Dre Noémie Roland, médecin généraliste, Dr Gilles Lazimi Médecin du CMS de Romainville, maître de conférence en médecine générale à l’Université Pierre et Marie Curie, Sokhna Fall Thérapeute familiale, Victimologue, ethnologue, vice-présidente de l’association Mémoire Traumatique et Victimologie, Hélène Romano Docteur en psychopathologie clinique, psychologue clinicienne et psychothérapeute spécialisée dans le psychotraumatisme, Jean-Fabrice Pietri Chef de mission, Médecins sans frontières France, Jean-Pierre Salmona Cardiologue, trésorier de l’association Mémoire Traumatique et Victimologie, Laure Salmona Rédactrice du rapport d’enquête «Impact des violences sexuelles de l’enfance à l’âge adulte», Geneviève Garrigos Présidente d’Amnesty France.

Michèle BARZACH présidente de l’UNICEF France et Muriel SALMONA psychiatre, présidente de l’association Mémoire Traumatique et Victimologie »

Un enfant n’est jamais consentant, l’inceste est un crime

En France, le Collectif Féministe Contre le Viol (CFCV) a lancé le 28 janvier 2014 une campagne de sensibilisation et de prévention « grand public » sur les violences sexuelles à l’encontre des enfants.

Un spot de 35 secondes est diffusé depuis le 21 janvier 2014 pour annoncer la campagne : L’inceste est toujours un crime

Texte intégral du spot : « Cette enfant est comme la plupart des enfants. Sage, obéissante. Elle est toujours à l’écoute des grandes personnes. Toujours en quête d’apprendre de nouvelles choses. Elle fait la fierté de sa famille. Et pourtant …. Et pourtant, elle souffre d’insomnies et de cauchemars. Elle grandira mal, aura des pensées suicidaires et fera sa première tentative à 12 ans. Tout ça parce qu’elle écoute son papa qui lui dit que c’est normal (le père entre dans la chambre de la petite fille), que tout le monde fait ça, et que les papas ont toujours raison …Un enfant n’est jamais consentant. L’inceste est toujours un crime. Changeons la loi. »

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Captures écran du spot

Un enfant n’est jamais consentant
L’inceste est toujours un crime
Changeons la loi 

La campagne du Collectif Féministe Contre le Viol (CFCV) se nomme : « Un enfant n’est jamais consentant. L’inceste est toujours un crime. Changeons la loi ». Elle se constitue de 3 éléments :

Le but de la campagne est de changer la loi en France. Pour l’instant, les enfants incestés doivent prouver qu’ils n’étaient pas consentants, et ceci même s’ils sont tout jeunes (3 ans, 4 ans, 5 ans, etc.). Cette situation est totalement anormale : l’inceste envers un mineur est un crime (pédocriminalité). L’enfant doit être reconnu comme victime et l’agresseur doit être pénalisé.

Que l’enfant doive prouver qu’il n’était pas consentant est préoccupant lorsque l’on connaît les stratégies de « grooming » des pédophiles (mise sous emprise des enfants). Avec de telles stratégies, il est impossible à un enfant de ne pas être mis sous emprise. De plus, le fait de se trouver face à un agresseur crée en eux l’équivalent d’un Syndrome de Stockholm (amour pour l’agresseur). Et de façon générale, les enfants n’ont ni la maturité psychique ni la force physique pour résister à un adulte.

Il est d’autant plus urgent de modifier la loi que l’inceste sur mineur est un facteur aggravant de la pédocriminalité. Le plus grave est l’inceste par le père (les pédocriminels sont quasiment tous des hommes, voir ci-après dans l’article) ou la mère, soit les personne censées aimer et protéger leur enfant.  Au niveau psychique, l’inceste paternel ou maternel créé une faille monumentale, avec rupture définitive de la confiance et manque de sécurité sans fond. Pour cette raison, il faudrait immédiatement enlever l’autorité parentale au parent incestueux et c’est ce que demande également le CFCV.

Dans sa campagne, le CFCV annonce que 1 enfant sur 24 serait incesté, donc 1 enfant par classe (voir l’article de 20Minutes.fr, plus loin). Le Conseil de l’Europe annonce qu’il y aurait 1 enfant sur 5 abusé sexuellement, en majorité par des proches, souvent la famille. Interpol dit que la pédocriminalité se passe essentiellement au domicile, dans les familles. Le CRIFIP (Centre de recherches internationales et de formation sur l’inceste et la pédocriminalité) précise que 96,3 à 99 % des délinquants sexuels sont des hommes. Pour tous ces chiffres, voir le paragraphe sur les enfants dans cet article : La violence envers les femmes et les enfants

Osez le féminisme ! (OLF) relaie la campagne

Depuis le diffusion du spot, le 21 janvier 2014, l’association Osez le féminisme ! (OLF) a relayé la campagne du CFCV sur sa page Facebook : Campagne CFCV

Voici la publication d’OLF qui donne des précisions importantes :

« Aujourd’hui pour qualifier le VIOL par INCESTE [CRIME MASSIVEMENT IMPUNI, qui fait, rappelons-le, partie de la pédocriminalité] il faut établir qu’il y a eu « violence, menace, contrainte ou surprise » même si la victime est un enfant de 5, 6, 8 ans !

Changeons la loi, pénalisons l’inceste pour mettre un terme à ce scandale, aucun enfant ne peut « consentir » à un acte sexuel « avec » un adulte. (voir : http://inceste-changeonslaloi.com/assets/files/DPincesteFINAL_nophone.pdf)

Le CFCV milite également pour le retrait de l’autorité parentale aux parents violeurs, une enquête systématique à la suite d’une plainte pour inceste et la suppression de la prescription. Nous demandons la réinscription de l’inceste dans le droit pénal.

Présent dans le Code pénal depuis 2010, l’inceste a disparu, en septembre 2011, après une décision du Conseil constitutionnel qui estimait sa définition trop «floue». Aujourd’hui, l’inceste, considéré comme une circonstance aggravante du viol, est puni de vingt ans de réclusion criminelle.

A travers cette campagne, le CFCV voudrait également réclamer un allongement des délais de prescription. «Pour la plupart des victimes qui évoquent des faits très anciens, le délai de prescription est souvent passé. Du coup, quand elles se sentent prêtes à agir, on ne peut plus rien faire pour qu’elles obtiennent justice», regrette ainsi la coordinatrice du projet.

http://inceste-changeonslaloi.com/

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Affiche de la campagne CFCV

L’article du Point.fr

Le 28 janvier 2014, le Point.fr publiait un article à propos du lancement de la campagne de CFCV : VIDÉO. Inceste : « Un enfant n’est jamais consentant »

Cet article apporte des informations complémentaires sur cette campagne du CFCV.

Texte intégral de l’article : « Le Collectif féministe contre le viol (CFCV) lance mardi une campagne de sensibilisation et de prévention grand public sur les violences sexuelles à l’encontre des enfants. Le clip, réalisé – bénévolement – par l’agence Paris en Australie, montre une petite fille emmurée dans le secret imposé par l’agresseur, son père, et qui faute d’avoir été entendue ira jusqu’à tenter de se suicider. Le CFCV entend ainsi dénoncer une violence insuffisamment prise en compte, et appelle explicitement à « changer la loi ». « L’inceste est toujours un crime », alerte le CFCV.

Le spot est diffusé alors qu’une réflexion est en cours à l’Assemblée nationale et au gouvernement pour faire évoluer la loi sur l’inceste. La ministre des Droits des femmes Najat Vallaud-Belkacem a en effet annoncé vendredi dernier qu’elle soutiendrait une proposition de loi sur l’inceste, souhaitée par plusieurs groupes de l’Assemblée. La loi du 8 février 2010 avait inscrit pour la première fois dans le code pénal la notion d’actes « incestueux » commis sur des mineurs, mais elle a été censurée en septembre 2011 par le Conseil constitutionnel, au motif que la définition des membres de la famille pouvant être poursuivis à ce titre était trop imprécise.

Deux millions d’adultes victimes d’inceste dans leur enfance

Se disant favorable à un retour sur la question de l’inceste « de façon approfondie » et relevant « la volonté sur tous les bords, en commission des Lois, de travailler à une proposition de loi », la ministre a affirmé à l’Assemblée que « le gouvernement soutiendra l’inscription d’un texte à l’ordre du jour dès qu’il sera prêt ».

Si « l’inceste figure toujours dans le code pénal », « avec un régime particulier qui permet le retrait automatique de l’autorité parentale », Mme Vallaud-Belkacem a relevé que « l’incrimination d’inceste en tant que telle n’y figure plus« . Plusieurs dispositions pénales répriment les viols et agressions sexuelles commis sur des mineurs par un ascendant ou une personne ayant autorité, ce qui est considéré comme une circonstance aggravante, mais l’incrimination d' »inceste » n’apparaît pas. Najat Vallaud-Belkacem a également estimé qu’il faudrait « prévoir explicitement » qu’une atteinte sexuelle sur un mineur et dans un cadre incestueux est « présumée ne pas avoir été consentie ».

Une enquête réalisée en 2009 par l’Association internationale des victimes de l’inceste (AIVI) estimait que près de deux millions d’adultes en France ont été victimes d’inceste dans leur enfance. »

Campagne contre inceste - spot 4 article point.fr

Capture écran du spot de la campagne (tiré de l’article du Point.fr)

L’article de 20Minutes.fr

L’article du 21 janvier 2014 de 20Minutes.fr qui fait suite aux premières diffusions télévisées du spot de la campagne du CFCV : «Dans chaque classe, il y a un enfant victime d’inceste», estime le Collectif contre le viol

Intégralité du texte de l’article :

« VIOLENCES – Alors qu’elle lance une campagne, l’association assure qu’un enfant sur vingt-quatre est victime d’inceste aujourd’hui en France…

«L’inceste est toujours un crime. Changeons la loi!» Ainsi s’achève le petit film de trente-cinq secondes que diffuse, depuis ce mardi matin, le Collectif féministe contre le viol. Actif depuis 1987, le Collectif féministe contre le viol s’insurge contre le manque de moyens déployés pour lutter contre l’inceste. Emmanuelle Piet, docteur et présidente du CFCV, nous détaille cette nouvelle campagne.

Vous assurez que deux millions de Français ont été victimes d’inceste. Mais il n’y a aucune statistique officielle…

La seule étude de référence date de l’an 2000. A l’époque, 11% des femmes se disaient avoir été victimes de viol un jour dans leur vie. La moitié d’entre elles évoquaient des faits remontant avant leurs 18 ans. Aujourd’hui, nous nous basons sur une enquête de l’Association internationale des victimes d’inceste (AIVI) qui, en 2009, a estimé à deux millions le nombre de victimes en France avec l’aide d’un sondage Ipsos. A partir de ces différentes études et en extrapolant, on considère qu’au moins un enfant sur vingt-quatre est ou a été victime d’inceste. Cela signifie que dans chaque classe, il y a un enfant victime.

Dans cette campagne, vous réclamez un changement de loi. De quel ordre?

Le premier point est d’inscrire l’inceste dans le code pénal. Il a disparu du droit en 2011 après une décision du Conseil constitutionnel. Or c’est très important que l’inceste soit considéré comme un crime spécifique et non pas seulement une circonstance aggravante du viol.

Ensuite, nous demandons depuis 1987 un allongement des délais de prescription. 52% des victimes qui composent le numéro vert évoquent des faits subis dans l’enfance et il est alors trop tard pour condamner les auteurs des faits. Notre but est de rendre ces faits imprescriptibles.

La ministre des Droits des femmes a mené une campagne active contre le viol. Mais on l’entend très peu sur l’inceste. Avez-vous des contacts?

Nous avons reçu un mail encourageant de sa part lundi soir. Bien sûr, on va continuer à travailler avec eux pour avancer. J’espère que la campagne télévisée va nous y aider.

Vincent Vantighem »

Campagne contre inceste - spot 4 article 20minutes

Capture écran du spot de la campagne (tiré de l’article de 20Minutes.fr)

Les violences envers les femmes et les enfants

Article mis à jour le 10 mai 2020.

Pour avoir une idée de l’ampleur des violences envers les femmes et les enfants, le mieux est de s’en remettre aux chiffres de diverses études et de lire des publications féministes sur ce thème puisque les féministes ont été les premières et souvent les seules à dénoncer ces violences masculines systémiques envers les femmes et les enfants.

Toutefois, malgré ces chiffres et ces publications, les violences envers les femmes et les enfants restent largement invisibilisées en raison d’un manque de volonté ou plutôt d’une forte résistance de nos sociétés patriarcales qui se perpétuent exclusivement par ces violences.

En effet, les sociétés patriarcales dans lesquelles nous vivons quasiment partout dans le monde ont absolument besoin des violences envers les femmes pour permettre aux hommes de dominer les femmes. Sans quoi, les femmes n’accepteraient jamais d’être soumises aux hommes. Le formatage patriarcal commence dès l’enfance, d’où la gravité des violences envers les enfants, notamment les violences sexuelles.

Or, qu’y a-t-il de plus efficace pour faire perdurer en toute impunité ces violences que de les occulter pour faire croire qu’elles n’existent pas ? Ainsi, chaque fois qu’une victime parlera, elle passera pour folle, menteuse, manipulatrice, etc. et ainsi personne ne la croira.

Il est certain que seules les féministes arriveront à mettre fin à ces violences patriarcales, car nous sommes les seules à en avoir la volonté et à connaître parfaitement les mécanismes de la domination masculine. Pour illustrer ce combat, voici la célèbre performance organisée par le collectif féministe Las Tesis (« les thèses ») et donnée le 20 novembre 2019 à Valparaiso suite à une enquête sur un viol au Chili. Cette chanson intitulée « Le violeur, c’est toi » et sa chorégraphie sont en train de devenir un hymne international contre les violences faites aux femmes :

« Des milliers de femmes ont participé à cette performance originelle. « Le patriarcat est un juge qui nous reproche d’être nées. Notre punition, ce sont les féminicides. C’est le viol. Et le coupable, ce n’était pas moi, ni où j’étais, ni comment j’étais habillée », ont-elles scandé à l’unisson. Leurs doigts tendus pour accuser la police, la justice et la société patriarcale ont touché le monde entier. » (Regny, 2019)

« Le violeur, c’est toi »

Captures écran de la vidéo transmise dans l’article (Regny, 2019)

Les violences envers les femmes

Les violences envers les femmes sont multiples : violences sexuelles, conjugales, reproductives, économiques, etc.

End violence against women – 25 november

Le 25 novembre est la journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes (source image)

Les Nations Unies (ONU) et la Banque Mondiale

Selon l’Organisation des Nations Unies (ONU), jusqu’à 70% des femmes sont victimes de violences et cela se passe dans tous les pays du monde. Et selon la Banque Mondiale, pour les femmes âgées de 15 à 44 ans, le viol et la violence conjugale représentent un risque plus grand que le cancer, les accidents de la route, la guerre et le paludisme réunis :

« Women aged 15-44 are more at risk from rape and domestic violence than from cancer, car accidents, war and malaria, according to the World Bank. Instances of violence are extremely high. According to the UN up to 70 percent of women experience violence in their lifetime – and it occur in both rich and poor countries around the world. » (UNA-UK, 2016)

Traduction : «  Les femmes âgées de 15 à 44 ans sont plus à risque de viol et de violence domestique que de cancer, d’accidents de voiture, de guerre et de paludisme, selon la Banque mondiale. Les cas de violence sont extrêmement élevés. Selon l’ONU, jusqu’à 70% des femmes sont victimes de violence au cours de leur vie – et cela se produit dans les pays riches et pauvres du monde entier. »

Le Conseil de l’Europe

Dans un communiqué de presse du 24 novembre 2009, le Conseil de l’Europe déclare que la première cause de mortalité pour les femmes âgées de 19 ans à 44 ans est la violence domestique :

« Strasbourg, 24.11.2009 – « La violence domestique est la première cause de mortalité chez les femmes âgées de 19 à 44 ans dans le monde, devant la guerre, le cancer et les accidents de la route », a déclaré Sandra Barns (Royaume-Uni, PPE/DC), Rapporteur du Congrès des pouvoirs locaux et régionaux du Conseil de l’Europe sur la violence à l’égard des femmes, à l’occasion de la journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes, le 25 novembre. » (Conseil de l’Europe, 2009)

Amnesty International

Amnesty International fait régulièrement des campagnes sur le thème de la violence conjugale, en montrant bien que ces violences se passent absolument partout dans le monde. Par exemple, en mars 2011, lors de sa campagne à l’occasion du 8 mars (Journée internationale des droits des femmes) Amnesty International Belgique révèle qu’en Belgique 1 femme sur 5 subit de la violence conjugale (donc 20 % des femmes).

« Une femme sur cinq en Belgique est victime de violences conjugales. Vingt pour cent des femmes font l’objet de violences de la part de leur conjoint. » (Amnesty International Belgique, 2011)

Le texte de l’affiche de la campagne est percutant: «1 femme sur 5 vit avec un criminel. Stop à la violence conjugale »

(Amnesty International Belgique, 2011)

L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS)

Depuis plusieurs années, l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) reconnaît que la violence des hommes envers les femmes et les filles est un problème de santé publique. Le 20 juin 2013, lors d’une grande campagne, l’OMS a dévoilé les résultats de sa grande étude sur ce thème (TV5Monde, 2013).

Voici le texte de l’affiche de cette campagne : « Les femmes et les petites filles sont plus exposées à la violence des hommes de leur entourage, en particulier au sein de la famille. Le viol et la torture sont utilisés comme arme de guerre. La violence contre les femmes a des conséquences graves sur leur santé mentale, physique et sexuelle. La violence contre les femmes est un problème de santé publique. On peut l’empêcher. »

L’affiche en question (TV5Monde, 2013)

 OMS - violence femmes et filles

Campagne OMS

(affiche téléchargeable au bas de cette page : OMS – Santé des femmes)

La Convention d’Istanbul

Pour terminer ce chapitre sur les violences envers les femmes, il est important de mentionner la convention d’Istanbul qui a été conclue et ouverte à la signature le 11 mai 2011 à Istanbul (Turquie). Elle est entrée en vigueur le 1er août 2014, avec uniquement 10 pays l’ayant ratifiée (Conseil de l’Europe, 2011a). Ce traité historique du Conseil de l’Europe permet la création d’un cadre juridique pour protéger les femmes contre toutes les formes de violence, et prévenir, réprimer et éliminer la violence contre les femmes et la violence domestique. La Convention d’Istanbul pose également le cadre d’un suivi spécifique (le GREVIO) afin d’assurer la mise en œuvre de ses dispositions (Conseil de l’Europe, 2011b).

A la lecture du texte de la Convention d’Istanbul (Conseil de l’Europe, 2011c), l’on constate que d’entrée, dès le préambule, les violences envers les femmes sont clairement décrites comme résultant d’un contexte de domination masculine :

« Reconnaissant que la violence à l’égard des femmes est une manifestation des rapports de force historiquement inégaux entre les femmes et les hommes ayant conduit à la domination et à la discrimination des femmes par les hommes, privant ainsi les femmes de leur pleine émancipation;

Reconnaissant que la nature structurelle de la violence à l’égard des femmes est fondée sur le genre, et que la violence à l’égard des femmes est un des mécanismes sociaux cruciaux par lesquels les femmes sont maintenues dans une position de subordination par rapport aux hommes; » (Conseil de l’Europe, 2011c)

Malheureusement, cette convention n’a pas changé grand-chose puisque les agresseurs bénéficient toujours d’une très large impunité. Ainsi, au lieu de diminuer, les violences envers les femmes ne font au contraire que progresser.

Les violences sexuelles envers les enfants

Les violences sexuelles envers les enfants et plus particulièrement l’inceste sont l’arme de prédilection de la domination masculine, car c’est à travers ces violences que les filles intègrent leur rôle d’opprimées (victimes) et les garçons leur rôle d’oppresseurs (agresseurs).

Dorothée Dussy, anthropologue

Anthropologue, chargée de recherche au CNRS et membre de L’IRIS (Institut de recherche interdisciplinaire sur les enjeux sociaux), Dorothée Dussy travaille notamment sur la dimension empirique de l’inceste en tant qu’outil premier de la domination masculine.

Dorothée Dussy a déjà publié deux ouvrages sur ce thème : « Le berceau des dominations. Anthropologie de l’inceste, livre 1 » (Dussy, 2013a) et « L’inceste, bilan des savoirs » (Dussy, 2013b)

« Le berceau des dominations est le premier livre d’une trilogie consacrée à « l’ordre social incestueux ». L’ouvrage étudie les « incesteurs » tandis que les deux prochains seront consacrés aux « incestées » et à la construction de leur subjectivité d’une part, et, d’autre part, au traitement des rares affaires qui parviennent devant les tribunaux et aux divers « procédés de légitimation du silence à l’échelle des sociétés et des institutions ». (Yeun, 2014)

« Le berceau des dominations. Anthropologie de l’inceste, livre 1 » (Dussy, 2013a) est un ouvrage absolument incontournable si l’on veut comprendre les enjeux de l’inceste dans nos sociétés patriarcales :

« Dorothée Dussy se penche sur les mécanismes complexes par lesquels l’inceste, en théorie interdit et condamné, est couramment pratiqué dans l’intimité des foyers français. À la faveur du réel, et de la banalité des abus sexuels commis sur les enfants, l’inceste se révèle structurant de l’ordre social. Il y apparaît comme l’outil primal de formation à l’exploitation et à la domination de genre et de classe.

Cinq ans d’enquête ethnographique menée auprès d’enfants incestés devenus grands, et auprès de leur famille, sont restitués dans une trilogie dont Le berceau des dominations forme le premier livre.

S’appuyant principalement sur une série d’entretiens réalisés en prison auprès d’hommes condamnés pour viol sur des enfants de leur famille, l’auteur donne dans ce premier opus la parole aux incesteurs. Simples maillons d’une généalogie familiale où l’inceste leur préexiste, on comprend que les incesteurs incestent par facilité, par mimétisme, par opportunisme, ou encore par identification. Sans complaisance, mais sans mettre l’incesteur en position d’étrangeté, l’auteur guide le lecteur pas à pas dans un voyage subversif au cœur de familles que rien, ou presque, ne distingue des vôtres. » (Iris, 2013)

Le berceau des dominations. Anthropologie de l’inceste, livre 1

(Iris, 2013)

Le Conseil de l’Europe

Menée de 2010 à 2015 pour lutter contre les violences sexuelles à l’égard des enfants (Conseil de l’Europe, 2010d), la campagne « UN sur CINQ » a été lancée les 29 et 30 novembre 2010 à Rome, en Italie (Conseil de l’Europe, 2010a). Ses objectifs étaient de promouvoir la signature, la ratification et la mise en œuvre de la Convention de Lanzarote (Convention du Conseil de l’Europe sur la protection des enfants contre l’exploitation et les abus sexuels) et de sensibiliser la population (enfants, familles et personnes s’occupant d’enfants) à l’étendue des violences sexuelles infligées aux enfants et les équiper des connaissances et outils de prévention nécessaires (Conseil de l’Europe, 2010b).

Le nom de la campagne (UN sur CINQ) fait référence à la proportion d’enfants violentés sexuellement en Europe puisque plusieurs études ont fait ressortir qu’en Europe 1 enfant sur 5 est violenté sexuellement (donc 20 % des enfants) :

« Environ un enfant sur cinq en Europe serait victime de violences sexuelles. On estime que dans 70 à 85 % des cas, l’auteur des violences est connu de la victime. » (Conseil de l’Europe, 2012)

« L’estimation du chiffre d’UN sur CINQ ressort des résultats combinés de diverses études menées par des équipes de chercheurs dans toute l’Europe et coïncide avec les statistiques avancées par l’Unicef, l’Organisation internationale du travail et l’Organisation mondiale de la santé.

Le chiffre d’UN sur CINQ s’applique à l’ensemble de l’Europe, ce qui n’exclut pas pour autant des différences de fréquence d’un pays à l’autre. Les études réalisées dans des pays non européens, comme les Etats-Unis et le Canada, semblent révéler une fréquence comparable. » (Conseil de l’Europe, 2010c)

Le matériel de la campagne « UN sur CINQ » est disponible ici (Conseil de l’Europe, 2010d).

La Convention de Lanzarote

La Convention de Lanzarote (Convention du Conseil de l’Europe sur la protection des enfants contre l’exploitation et les abus sexuels) a été conclue et ouverte à la signature le 25 octobre 2007 à Lanzarote, (Îles Canaries, Espagne). Elle est entrée en vigueur le 1er juillet 2010 avec uniquement 5 pays l’ayant ratifiée (Conseil de l’Europe, 2007a).

Cette convention contient toutes les mesures nécessaires pour prévenir la violence sexuelle, protéger les enfants et poursuivre les agresseurs (Conseil de l’Europe, 2010a).

Le texte de la Convention de Lanzarote est disponible ici (Conseil de l’Europe, 2007c).

Malheureusement, cette convention n’a pas changé grand-chose puisque les agresseurs bénéficient toujours d’une très large impunité. Ainsi, au lieu de diminuer, les violences sexuelles envers les enfants ne font au contraire que progresser.

L’enquête STOP AU DÉNI

Une grande enquête de l’association « Mémoire Traumatique et Victimologie » a été menée de mars 2014 à septembre 2014 avec le soutien de l’UNICEF France. Cette enquête intitulée STOP AU DENI a démontré que 1 femme sur 5 (donc 20 % des femmes) et 1 homme sur 14 (donc 7 % des hommes) ont déjà subi des violences sexuelles.

« Une femme sur cinq et un homme sur quatorze déclarent avoir déjà subi des violences sexuelles. » (Huffington Post, 2015)

L’enquête fait ressortir de nombreux chiffres qui montrent l’ampleur des violences sexuelles envers les enfants et le profil de leurs agresseurs. Par exemple que 81 % des victimes de violences sexuelles sont mineures et 96 % des agresseurs sont des hommes, 94 % des proches :

« L’enquête a révélé que les enfants sont les principales victimes des violences sexuelles puisque 81% des victimes de violences sexuelles sont des mineur-e-s (majoritairement des filles) : 1 victime sur 5 a été violée avant 6 ans, 1 victime sur 2 a été violée avant 11 ans.

L’enquête a également révélé que 96 % des agresseurs sont des hommes, 94 % des proches, 1 enfant sur 2 est agressé par un membre de sa famille et 1 agresseur sur 4 est mineur, donc 3 agresseurs sur 4 (75 %) sont des adultes (pédocriminalité).

L’enquête a démontré les lourdes conséquences sur la santé mentale et physique des victimes, ainsi que les risques de suicide (1 victime sur 2 a tenté de se suicider) et les risques de grossesse (1 grossesse sur 5 « consécutive à un viol » affecte une mineure).

L’enquête a aussi démontré la loi du silence et le déni de ces violences sexuelles, puisque 83% des victimes interrogées déclarent n’avoir jamais été protégées et 67% des répondant-e-s qui ont porté plainte (donc intervention de la police) n’ont bénéficié d’aucune mesure de protection.

L’enquête révèle que seules 4% des victimes agressées dans l’enfance indiquent avoir été prises en charge par l’Aide sociale. Parmi celles qui ont porté plainte : 66% de celles qui avaient moins de 6 ans au moment des faits déclarent « n’avoir jamais été protégées », de même que 70% de celles entre 6 et 10 ans et 71% de celles entre 11 et 14 ans. » (Kuhni, 2015)

Interpol

Interpol ou OIPC (Organisation internationale de police criminelle) est spécialisée dans la traque internationale des criminels. Cette organisation internationale reconnaît elle-même que la pédocriminalité est rarement signalée, car elle se déroule très souvent dans un contexte privé. Cette explication qui se résume au « contexte privé » fait bien sûr abstraction des causes systémiques et sociétales de la pédocriminalité.

« Contrairement aux idées reçues, l’agresseur est très souvent une personne connue de l’enfant, que ce soit un membre de la famille, un voisin ou un professionnel de la petite enfance. La plupart des affaires d’abus pédosexuels ne sont pas signalées puisqu’elles se déroulent en secret dans un contexte privé. » (Interpol, 2020)

Bibliographie

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