Les monologues sur le féminicide : Ferite a Morte (Blessées à mort)

Ferite a Morte (Blessées à Mort) est un célèbre projet théâtral contre la violence de genre et le féminicide. Il s’agit d’une série de monologues écrits par Serena Dandini (présentatrice TV et auteure) avec la collaboration de Maura Misiti (chercheuse au CNR) et publié en italien sous la forme d’un livre (Ferite a Morte, chez Rizzoli). Toutes ces histoires sont inspirées de faits réellement advenus.

Ces monologues sur le féminicide sont conçus sur le modèle de la Spoon River Anthology d’Edgar Lee Master dont l’originalité consistait dans le fait de redonner la parole aux défunts.

Ces textes poignants de femmes tuées par un mari, un compagnon, un amant ou un ex sont lus sur scène par des personnalités féminines du monde entier. Les représentations ont démarré en Italie de 2012 à 2013, avant d’entamer une tournée Internationale en automne 2013. Depuis le début, ces lectures rencontrent un grand succès.

Le but de ces monologues sur le féminicide est de sensibiliser l’opinion publique à la violence conjugale ou domestique et de demander aux gouvernements de mettre en place des mesures pour prévenir ces violences faites aux femmes.

Les lectures sur scène

Une chaîne Youtube contient l’ensemble des lectures sur scène de ces monologues par des personnalités féminines.

Voici cette chaîne : Ferite A Morte (Blessée à mort)

N’hésitez pas à visualiser le plus possible de ces vidéos. Ces textes donnant la parole à des femmes tuées par leur conjoint ou ex-conjoint sont lus par des femmes. Le résultat est impressionnant, d’une grande puissance.

Le monologue lu par Christiane Taubira est exactement le scénario-type des violences conjugales post-séparations qui aboutissent aux infanticides paternels (ils tuent les enfants pour punir la mère).

Espérons que cette lecture par Christiane Taubira, Garde des Sceaux et ministre de la Justice, est le signe que le gouvernement français va enfin prendre au sérieux les violences masculines post-séparation et intégrer des garde-fous dans la loi famille (APIE). Deux articles sur ce thème : Se séparer d’un conjoint violent : danger permanent pour les enfants et leur mère et Manifeste des mères survivantes au meurtre de leur(s) enfant(s) par leur ex-conjoint et père biologique

Voici quelques vidéos (lectures sur scène) :

La Reine Noor de Jordanie lit le monologue « Lotus Flower », lors de la représentation du 3 décembre 2013 à Londres, à la  « Trust Women Conference » :

blessée à mort - reine de Jordanie

Vidéo : Queen Noor of Jordan – Wounded to Death (Ferite a Morte) @ The Trust Women Conference London

 

Christiane Taubira (Garde des Sceaux, ministre de la Justice) lit le monologue « Tout en ordre », lors de la représentation du 14 mai 2014 à Paris, à la Bibliothèque Nationale de France :

blessée à mort - taubira

Vidéo : Christiane Taubira | Blessées à Mort (Ferite a Morte) @ Bibliothèque nationale de France, Paris

 « Il en faut beaucoup, de la force, pour enlever la vie avec un cutter (…) quand je pense qu’il ne voulait jamais couper le pain, parce qu’il avait mal aux poignets (…) et pourtant, les enfants, ils les a égorgés avec une force inouïe (…) il a dit qu’il devait le faire pour me punir (…) et pourtant, il n’a pas versé une larme, il a dit que c’était une bonne chose à faire, un point c’est tout (…) même si je respire, je fume des cigarettes, depuis ce jour, je suis morte ! »

 

Najat Vallaud-Belkacem (Ministre des Droits des femmes, de la Ville, de la Jeunesse et des Sports) lit le monologue « Petites mariées » lors de la représentation du 14 mai 2014 à Paris, à la Bibliothèque Nationale de France :

blessée à mort - najat

Vidéo : Najat Vallaud-Belkacem | Blessées à Mort (Ferite a Morte) @ Bibliothèque nationale de France, Paris

 « Je suis morte en couche, j’avais seulement 9 ans quand mon mari m’a mise enceinte » »

 

Esther Mamarbachim (présentatrice à la RTS)  lit le monologue « Lune de miel » lors de la représentation du 26 mars 2014 à Genève (Palais des Nations):

blessée à mort - présentatrice suisse

Vidéo : Esther Mamarbachi | Wounded to Death (Ferite a Morte) @ Palais des Nations UN Geneva

Monologue d’une femme tuée par son conjoint qui lui disait: « TU ES A MOI ET A PERSONNE D’AUTRE
« Il y a une erreur sur le formulaire, ici c’est écrit décédée le 3 juin 2009, présence sur le corps de traces évidentes, etc. etc. mort provoquée par 8 coups de couteau, etc. etc. le coup fatal a été porté dans la région du etc. etc. mais on y est pas du tout, dites-le aux criminologues, il faut refaire l’enquête, (…) heure du décès 14h30, non alors là vraiment pas, moi je suis morte avant ça, bien avant ça, pour être précis 6 ans et 1 mois avant ça, en fait, tout de suite après le mariage, en plein pendant le voyage de noce »

 

Liens et publications

Le site officiel italien : Ferite a Morte

« Ferite a morte / Blessées à mort est un projet théâtral écrit et mis en scène par Serena Dandini, visage bien connu des téléspectateurs italiens, en collaboration avec Maura Misito, chercheuse au CNR. Il s’agit d’un recueil de monologues qui, de manière tout à fait inédite, donnent voix à ces femmes assassinées le plus souvent de la main de leur mari, de leur fiancé ou de leur ex. Celles-ci racontent elles-mêmes leurs histoires, toujours dramatiques, mais avec parfois quelques pointes d’ironie. Ce sont des femmes qui proviennent du monde entier, qui s’inscrivent dans des contextes culturels et sociaux très différents les uns des autres, mais qui ont en commun le même destin tragique. Bien que les faits ne soient pas reconnaissables, toutes ces histoires sont inspirées de faits réellement advenus. » (source : Le projet  – une page du site officiel de Ferite a Morte)

La page du site de Najat Vallaud-Belkacem à propos de cette action : Formidable initiative « Ferite a Morte » (Blessées à mort) à la BNF

Un communiqué de presse de l’association Ferite a Morte du 12 mars 2014 à l’occasion de la représentation à l’ONU à Genève : Communiqué de presse « Blessées à mort » – Les monologues sur le féminicide retournent aux Nations Unies

« Les monologues sur le féminicide retournent aux Nations Unies (…) Après New York où le spectacle a été choisi par UN Women et la Mission Italienne à l’ONU pour célébrer la Journée Internationale pour l’Elimination de la violence à l’égard des Femmes le 25 novembre au siège des Nations Unies et après les représentations à Washington (à l’OAS, Organisation des Etats Américains), à Bruxelles (en théâtre) et à Londres (dans le cadre de la Trust Women Conference organisée par la Thomson Reuters Foundation), «Blessées à Mort», le projet théâtral sur le féminicide écrit par Serena Dandini en collaboration avec Maura Misiti, a repris sa tournée internationale. Cette fois, il fait étape au Palais des Nations Unies de Genève, dans le cadre des travaux de la 25ème session du Conseil pour les droits humains de l’ONU.

Serena Dandini a redonné voix aux victimes du monde entier grâce à une série de monologues dont les lectures sur les scènes d’une quinzaine de théâtres italiens ont récolté un franc succès en 2012 et 2013, avant le début d’une tournée internationale tout aussi réussie au cours de l’automne 2013. « Blessées à Mort » (qui existe également sous la forme d’un livre publié en italien chez Rizzoli) est un recueil de monologues écrits par Serena Dandini avec la collaboration de Maura Misiti, chercheuse au CNR, et conçus sur le modèle de la Spoon River Anthology d’Edgar Lee Master dont l’originalité consistait dans le fait de redonner la parole aux défunts. De la même manière, les monologues de Blessées à Mort, puisant dans les faits divers et les enquêtes judiciaires, sont les récits posthumes et imaginaires à la première personne de femmes qui ont perdu la vie suite à des actes de violence infligés le plus souvent par un mari, un compagnon, un amant ou un ex.

Le spectacle, porté par des personnalités féminines bien connues du grand public, se veut une occasion de réflexion et une tentative d’interpeler l’opinion publique, les médias et les institutions.

(…) “Tous les monologues de ‘Blessées à Mort’, explique Serena Dandini, nous parlent de délits annoncés, d’homicides de femmes commis par des hommes qui auraient du les aimer et les protéger. Ce n’est pas un hasard si les coupables sont bien souvent des maris, des fiancés ou des ex. C’est un massacre familial qui, à une allure impressionnante, continue tristement à remplir les pages des faits divers dans nos quotidiens. Derrière les volets fermés des maisons se cache une souffrance silencieuse et l’homicide n’est jamais que la pointe de l’iceberg d’un parcours semé d’abus et de douleur qui répond au nom de violence domestique. Voilà pourquoi nous pensons qu’il ne faut pas arrêter d’en parler mais qu’il est nécessaire au contraire de chercher, y compris par le biais du théâtre, à sensibiliser au maximum l’opinion publique. »

Un article du 15 février 2014 à propos de la représentation à Luxembourg : Ferite a Morte / Blessées à mort, de et avec Serena Dandini, le 24 mars à Luxembourg

« Ferite a morte / Blessées à mort”, le célèbre projet de théâtre contre la violence de genre et le féminicide, écrit et mis en scène par Serena Dandini, et produit par Mismaonda, sera représenté à Luxembourg, le 24 mars 2014, 20h00, à l’Auditorium du Conservatoire de la Ville.

Représenté avec un grand succès depuis 2012 en Italie, et après une tournée internationale prestigieuse qui l’a conduit à Bruxelles, New York, Washington et Londres, “Blessées à Mort” sera à Luxembourg pour la première étape de sa tournée 2014.

(…) “Ferite a morte / Blessées à mort” est un projet théâtral écrit et mis en scène par Serena Dandini, journaliste et écrivaine italienne, en collaboration avec la chercheuse Maura Misiti. Il se compose d’une série de monologues (tirés du livre Ferite a morte, publié par Rizzoli) qui, de manière tout à fait inédite, donnent voix à des femmes ou à des jeunes filles tuées par la main d’un homme, le plus souvent un mari, un fiancé ou un ex. Dans ces textes, inspirés par des faits réellement survenus, les protagonistes, très diverses par origine, âge et situation personnelle, racontent elles-mêmes leurs histoires, toujours dramatiques, mais avec parfois quelques pointes d’ironie. »