Domination masculine et appropriation du ventre des femmes

Pourquoi les hommes veulent-ils tant dominer les femmes ? Nous connaissons l’outil principal de la domination masculine : ce sont les violences sexuelles. Mais le but de cette domination n’est jamais nommé.

Pourtant, ce but, l’anthropologue Françoise Héritier nous en a régulièrement parlé : c’est la prise de pouvoir sur les utérus. Par conséquent, la domination masculine n’est ni une sorte de « pulsion masculine de domination » ni une lubie des hommes à vouloir dominer les femmes. Cette domination a un but bien précis : les utérus. Il est logique dans un tel contexte que les violences sexuelles soient devenues l’instrument majeur de cette domination, puisqu’en même temps qu’elles servent aux hommes à soumettre les femmes, elles leur permettent d’avoir accès aux utérus. Autrement dit, les violences sexuelles ne sont pas la finalité de la domination masculine, mais un instrument de domination à double visée (soumettre et inséminer) d’une efficacité redoutable.

En effet, selon Françoise Héritier, la domination masculine trouve sa source dans la nécessité pour les hommes de s’approprier les utérus pour se reproduire, les femmes devenant ainsi une sorte de « marmite » dans laquelle les hommes peuvent se reproduire.

Françoise Héritier est une référence en matière de domination masculine puisqu’elle a « consacré l’essentiel de ses recherches aux fondements de la domination masculine » (Collège de France, 2017).

Pour celles et ceux qui ne la connaissent pas encore, Françoise Héritier est une figure majeure de l’anthropologie, pionnière du féminisme et professeure honoraire au Collège de France où elle a dirigé le Laboratoire d’anthropologie sociale. Elle fut aussi la première femme à accéder à la chaire d’anthropologie du Collège de France où elle avait succédé à Claude Lévi-Srauss. Françoise Héritier s’est éteinte à 84 ans dans la nuit du 14 au 15 novembre 2017.

Les femme sont des marmites que les hommes doivent s’approprier

Françoise Héritier:
« 
Depuis toujours, la femme est une marmite »
(Wald Lasowski, 2018)

Voici quelques extraits d’ouvrages et d’entretiens dans lesquels Françoise Héritier explique que l’appropriation du ventre des femmes est la cause de la domination masculine.

Françoise Héritier dans l’ouvrage « La Différence des sexes » (2010) : « Les femmes (…) sont un matériau, ou bien une sorte de marmite dans laquelle les hommes, par le coït, mettent les enfants. (…) Les femmes sont devenues (…) une ressource à gérer, une matière première extrêmement précieuse qu’il ne fallait surtout pas laisser filer. (…) Les femmes sont devenues une monnaie d’échange pour faire les enfants et, surtout, les fils que les hommes ne pouvaient pas faire par eux-mêmes. Pour cela, il fallait qu’elles appartiennent aux hommes (…). » (Héritier, 2010, p. 64-68)

« S’approprier la marmite »


Commentaire / « La différence des sexes » de Françoise Héritier (Dupont, 2016)

(source image)

Françoise Héritier dans un entretien publié dans l’ouvrage « Une pensée en mouvement » (2009) : « Dans cet ouvrage Masculin/Féminin, vous dites des hommes qu’ils « manifestent une volonté d’appropriation de la fécondité des femmes, un désir de contrôler le pouvoir exclusif de donner la vie ».

[Françoise Héritier :] C’est la pierre de touche de la domination masculine. Elle découle de la valence différentielle des sexes. Aucun moyen n’existe de changer la donne. (…) Si une femme n’a pas d’enfant, c’est que quelque chose en elle le refuse. Il faut donc les y contraindre. Des systèmes conceptuels de pensée qui donnent la part belle à l’homme dans la procréation sous-tendent les systèmes sociaux où ce sont des hommes qui échangent entre eux des femmes, entendues comme fécondité en puissance. La domination masculine s’exerce a priori sur des femmes en âge de procréer ou sur de petites filles dont on attend tout dans l’avenir. Il ne s’agit pas de la pure expression du désir sexuel, dont je ne nie certes pas l’importance, mais du simple fait observé dans maintes sociétés que les femmes infécondes, ménopausées ou veuves privées de support mâle, changent de statut. Pour ces femmes, c’est souvent la déréliction. » (Héritier, 2009, pp. 100-101).

Françoise Héritier dans l’émission Ce Soir ou Jamais (2009) : « (…) ce sont les hommes qui mettent les enfants dans les femmes, par le coït, par le rapport sexuel. Les femmes ne sont qu’un réceptacle. Mais à ce moment-là, elles deviennent quelque chose qu’il faut s’approprier, qu’il faut avoir et qui est réduit à l’état de maternité, l’état d’utérus pour faire des enfants (…) » (Le Monde, 2017b).

Françoise Héritier dans l’émission Les Mots de Minuit (2013) : « (…) les corps féminins sont des corps mis à la disposition des hommes pour qu’ils aient des enfants et c’est eux qui mettent les enfants dans les femmes, dans le corps des femmes (…) les femmes étaient des biens que les hommes devaient garder pour eux-mêmes pour pouvoir se reproduire, pouvoir faire du semblable à eux-mêmes. Elles sont devenues affectées à la maternité, appartenant aux hommes (…) » (Ina.fr, 2017).

Françoise Héritier
Paris, mars 2013

Source image :
« Françoise Héritier : « Il faut anéantir l’idée d’un désir masculin irrépressible » »
(Le Monde, 5 novembre 2017)

Les hommes pensaient planter des graines dans le ventre des femmes

Pendant des millénaires, les hommes ont pensé qu’ils créaient seuls les enfants et que les femmes n’étaient que des réceptacles dans lesquels ils déposaient leurs graines pour faire des enfants.

« A l’époque évidemment, les humains ignoraient que les femmes avaient des ovules, les hommes des spermatozoïdes et que les deux devaient se rencontrer en apportant chacun la moitié du capital génétique pour que naisse un enfant particulier avec son individualité propre. Nous n’avons découvert cela progressivement qu’à la fin du XVIIIe siècle et au début du XIXe. Et c’est seulement au XXe siècle, avec la génétique, que nous avons compris qu’il fallait l’apport commun des deux sexes pour faire un enfant. Cette découverte est très récente. » (Héritier, 2010, p. 65).

Ce n’est qu’au siècle dernier que la science a découvert que les femmes avaient leurs propres gonades (les ovaires), comme les hommes (les testicules) et qu’il y avait tout un processus de fécondation dans lequel un spermatozoïde (gamète mâle) de l’homme pénètre dans l’ovule (gamète femelle) de la femme.

« La fécondation est réalisée par la pénétration du spermatozoïde dans l’ovule ou ovocyte de deuxième ordre, puis par la fusion des éléments nucléaires et cytoplasmiques du spermatozoïde et de l’ovule. L’ovule fécondé prend le nom de zygote. C’est la première cellule du futur bébé. » (Vaillant, 2011)

Ces découvertes scientifiques auraient dû changer la perception des femmes par la société : elles n’étaient plus de simples réceptacles ou des « marmites » (Héritier, 2010). En réalité, ces connaissances scientifiques n’ont strictement rien changé puisque les hommes n’avaient toujours pas d’autres moyens pour se reproduire que de s’approprier les utérus.

L’appropriation des utérus donne sens à la domination masculine

Savoir que l’appropriation des utérus est la cause de la domination masculine est fondamental : cela donne sens à la domination masculine. L’on comprend enfin la raison de l’oppression des femmes. Et l’on saisit enfin le but réel de la violence machiste systémique (Kuhni, 2018), aussi nommée « culture du viol », que les hommes ont mis en place pour pouvoir dominer les femmes.

Les hommes n’oppriment donc pas les femmes pour rien, juste comme ça, parce qu’ils veulent dominer. Ce n’est pas une simple lubie des hommes à vouloir dominer les femmes. Cette domination vise au contraire un but extrêmement précis : l’appropriation des utérus.

Sans quoi, la domination masculine n’a pas de sens, elle serait absurde, une domination gratuite. En effet, pourquoi les hommes voudraient-ils tant dominer les femmes ?

Pour le sexe ? Certainement pas. Pour les hommes, le sexe n’est pas une telle obsession qu’ils auraient eu la nécessité de créer tout un système d’asservissement des femmes pour l’obtenir. En revanche, le sexe est ce qui permet d’inséminer les utérus. Ce n’est donc pas un hasard que le sexe figure à ce point au premier plan dans nos sociétés patriarcales.

Source image : « Gloria Steinem On Getting An Illegal Abortion  »
(Huffpost, 27 octobre 2015)

La domination masculine vise les utérus

Il est important de préciser que ce sont les utérus qui sont visés par la domination masculine et non les femmes en tant que tel.

Par conséquent, les hommes trans ou FtM (femmes ayant fait la transition pour être homme) sont aussi susceptibles de subir la même oppression puisque, étant nés femmes, ils ont un utérus. Les hommes trans qui accouchent font d’ailleurs l’objet d’une forte médiatisation qui valorise l’utilisation de leurs utérus.

Quant à la lesbophobie qui est très présente dans notre société patriarcale, il n’est pas impossible qu’elle trouve sa source dans le fait que les utérus des lesbiennes ne sont pas à disposition des hommes. Par conséquent, la domination masculine se doit d’exercer des représailles sur ces femmes dont le ventre échappe aux hommes.

Abolir la domination masculine

Françoise Héritier, Ce Soir ou Jamais (2009) :
« [la domination masculine] est le problème politique majeur parce que les autres formes de domination, elles ont pris modèle sur celle-là. C’est celle-là, la plus ancienne, la primitive, et les autres se sont calquées dedans. »
(Le Monde, 2017b).

Avec la domination masculine, depuis la nuit des temps, une moitié de l’humanité (les hommes) opprime l’autre moitié (les femmes), la réduisant en esclavage par la violence et l’appropriation de ses ventres. Cette oppression des femmes mène immanquablement l’humanité vers un désastre ou « un énorme échec » comme le dit Françoise Héritier.

Françoise Héritier, entretien (2015) :
« Alors qu’est-ce qu’il reste à changer ? C’est la volonté politique d’abord. Il faut véritablement qu’on se rende compte que c’est du fondamental tout autant que le problème écologique. Le problème de la relation hommes-femmes, c’est ce sur quoi sont basées nos sociétés et si on ne les change pas ce sera l’énorme échec de l’humanité, l’énorme échec de l’humanité. » (Brut, 2017b)

Pour éviter ce désastre de l’humanité, la domination masculine doit être abolie, comme l’a été l’esclavage. Et pour que cette lutte soit efficace, qu’elle vise le bon objectif, nous devons d’abord comprendre la cause de la domination masculine.

Nous devons nous demander pourquoi les femmes sont opprimées par les hommes dans nos sociétés patriarcales, quelle est la raison de cette oppression et qu’est-ce qui pousse les hommes à établir leur domination sur les femmes depuis des millénaires ?

Pour mettre en place la domination masculine indispensable à l’appropriation des utérus, la société patriarcale a créé un système très élaboré de violences machistes systémiques (Kuhni, 2018), dont les violences sexuelles qui permettent aux hommes d’inséminer les femmes à leur guise.

Ces violences machistes systémiques sont aussi nommées « culture du viol », ce qui illustre parfaitement la finalité de ces violences : l’insémination des utérus pour la domination masculine.

La culture du viol

(FéministesVSCyberH, 2016)

Sans libération des utérus, l’égalité est impossible

La compréhension du fondement de la domination masculine permet de prendre conscience que les utérus sont la raison pour laquelle les femmes n’arrivent pas à atteindre l’égalité. Et d’un autre côté, les utérus sont aussi la clef pour atteindre l’égalité. Autrement dit, seule la libération des utérus peut abolir la domination masculine. Et tant que nous, les femmes, n’aurons pas conscience de cela, il est fort probable que nous n’atteindrons jamais l’égalité.

Un exemple concernant les résistances à l’égalité de nos sociétés patriarcales : selon une étude du Forum Economique Mondial (2016), l’égalité salariale pour les femmes serait impossible à réaliser avant des décennies et ne pourra être atteinte qu’en 2186 (soit dans 170 ans).

Ce frein continu à l’égalité perdure depuis des millénaires, car malgré les avancées de la science, il n’existe aucune autre solution à ce jour : les hommes ont toujours besoin du ventre des femmes pour se reproduire. Ainsi l’enjeu de la domination masculine reste inchangé et l’oppression des femmes se poursuit de plus belle (GPA, lois anti-IVG, etc.). Pour sortir de cette oppression, les femmes doivent donc absolument reprendre le pouvoir sur leurs utérus.

Source image : « «Féminisme», mot de l’année 2017 aux États-Unis »

Par conséquent, pour permettre aux femmes d’accéder enfin à l’égalité, il est fondamental que toutes les contraintes à utiliser leur utérus (coercition reproductive) et toutes les formes d’exploitation reproductive (GAP, etc.) soient interdites et sévèrement sanctionnées. C’est le seul moyen pour que cessent toutes les violences reproductives à leur encontre. Les femmes doivent pouvoir choisir librement quand elles souhaitent procréer, sans jamais subir ni pressions ni exploitation. Et si elles ne souhaitent pas procréer, ce choix doit être respecté.

Les femmes doivent avoir le droit de parler de leur utérus

Pour reprendre le pouvoir sur leurs utérus, les femmes doivent avoir le droit d’en parler. Or, depuis quelques années, certaines personnes des milieux trans interdisent aux femmes de parler de leur utérus, sous prétexte que ce serait discriminatoire pour les femmes trans ou MtF (hommes ayant fait la transition pour être femme) que les femmes parlent de leur utérus.

L’interdit de parler de leur utérus constitue un grave problème puisque les femmes ont interdiction de parler de l’organe qui est la cause même de leur oppression. Cette tentative d’effacer le mot « utérus » du langage des femmes dénote des pressions grandissantes de la domination masculine pour occulter toujours plus les causes de leur oppression. Sinon ces personnes des milieux trans devraient aussi interdire aux hommes de parler de leur pénis, sous prétexte que ce serait discriminatoire pour les hommes trans ou FtM (femmes ayant fait la transition pour être homme) que les hommes parlent de leur pénis.

Ce qui est significatif, c’est que l’interdiction pour les femmes de parler de leur utérus arrive simultanément avec l’arrivée de la GPA qui est une aggravation phénoménale de l’exploitation des utérus.

Les utérus sont le pouvoir des femmes

Notre société patriarcale a un besoin vital que les femmes procréent, puisque son système économique est entièrement basé sur la croissance, donc sur la natalité. Par conséquent, s’il y a une baisse de la natalité, tout ce système s’effondre.

Ce système économique fondé sur un taux de natalité élevé n’est sans doute pas un hasard. Il permet de faire pression sur les femmes pour qu’elles utilisent leurs utérus, soi-disant pour la nation, mais en réalité pour les hommes, puisque ce système est entièrement créé et dirigé par les hommes de nos sociétés patriarcales.

Face à cet enjeu économique dont elles sont la clé, les femmes ont un pouvoir immense, celui de leur utérus. C’est en usant de ce pouvoir, en libérant leurs utérus, qu’elles peuvent obtenir des droits et abolir la domination masculine. La société a trop besoin des utérus, elle sera obligée d’écouter les femmes. Ce sont elles qui ont les utérus. Donc si les femmes décidaient de faire la grève des utérus, ne serait-ce que quelques mois, elles obtiendraient sans doute l’égalité et des lois qui les protègent.

Source images : « Lady Power Patch » et « Lady Power Pin »

Mais la libération des utérus n’est pas une mince affaire, car elle crée bien évidemment une forte résistance de la part de la domination masculine. C’est pourquoi, depuis que les femmes tentent cette reprise de pouvoir sur leurs utérus (contraception, légalisation IVG, etc.), elles subissent un violent backlash (Kuhni, 2014) par rapport à leurs utérus sur lequel elles ont osé vouloir reprendre le pouvoir. Par exemple : GPA, lois anti-IVG, etc.

Concernant ce thème de la libération des femmes, il est important de préciser que la liberté sexuelle des femmes ne doit être liée ni à la reproduction ni à l’achat de sexe, mais être une sexualité libérée de ces violences. Donc la liberté sexuelle des femmes, c’est de ne pas être soumises aux modèles de la ferme et du bordel, tels que décrit par Andrea Dworkin (voir plus loin dans l’article).

Pour la libération des utérus, les femmes ont besoin de lois

Pour reprendre pleinement le pouvoir sur leurs utérus, les femmes ont besoin de lois qui condamnent les violences reproductives à leur égard. Or, pour l’instant, cette violence qui est la cause même de l’oppression des femmes n’est jamais nommée. Il n’existe aucune infraction à ce sujet dans le code pénal, aucune catégorie de crime pour la coercition reproductive à l’encontre des femmes (grossesses forcées).

Par exemple, lorsque l’on parle des viols de femmes ou de filles, l’on ne parle jamais de l’appropriation des utérus par les violeurs. Cette appropriation est occultée. On occulte que les violeurs ont pu engrosser les filles et les femmes qu’ils ont violées. Or, être engrossée de force est une violence inouïe. D’ailleurs, pour les filles et les femmes, la peur du viol, c’est aussi la peur d’être engrossée par le violeur. Le fait d’être utilisées de force comme des mères porteuses ou « sorte de marmite » comme le dit Françoise Héritier (Héritier, 2010) devrait être un facteur aggravant du viol. Alors pourquoi occulte-t-on cela ?

Il y a également un grand nombre de filles mineures qui sont enceintes après un viol. Voici ce qu’en dit la Dre Muriel Salmona, psychiatre et présidente de l’association Mémoire Traumatique et Victimologie :

« Dans notre grande enquête de 2015, Impact des Violences Sexuelles de l’Enfance à l’Age adulte, près d’une victime sur 10 s’est retrouvée enceinte après un viol, et 20% d’entre elles étaient mineures. » (Salmona, 2018).

Au lieu d’être sanctionné, le violeur obtient des droits sur l’enfant, voire la garde de l’enfant. Dans le meilleur des cas, si la loi est appliquée (cas rarissime, car viol souvent pas reconnu), le violeur est sanctionné pour le viol. Mais la grossesse forcée, on n’en parle même pas, elle est considérée comme une fatalité, naturelle, coulant de source, faisant partie de l’ordre des choses, pour que l’on n’ait jamais conscience que cet acte violent devrait en réalité être reconnu comme un crime.

Les grossesses forcées, une catégorie de crime à inscrire dans la loi

Les grossesses forcées constituent une violence aussi grave que le viol lui-même. Pourtant, il n’existe aucune sanction pénale, rien dans le Code pénal, pour ce type de violence. Cet « oubli » permet aux hommes de se reproduire même par la force, sans jamais être sanctionnés.

Dans un tel contexte, l’exploitation reproductive des femmes ne cesse de s’aggraver. On peut le constater avec l’action intensive des lobbies anti-IVG et la forte médiatisation des lobbies pro-GPA qui utilisent ouvertement les femmes comme des « incubatrices » à disposition d’autrui. Pendant ce temps-là, la PMA peine à être légalisée pour les femmes seules et les couples de femmes, alors que la PMA n’exploite aucun autre être humain.

Dans le cadre de la lutte pour les droits des femmes, ce type de violence devrait aujourd’hui être reconnu par notre société en inscrivant dans la loi une catégorie de crime spécifique pour les grossesses forcées (coercition reproductive des femmes), afin qu’il y ait enfin des sanctions pénales (emprisonnement) et des sanctions civiles (droits parentaux exclus) à l’encontre de ces agresseurs.

En effet, lorsqu’un homme s’attribue de force un utérus pour se reproduire, il s’agit d’une violence d’une gravité extrême envers la femme. Par conséquent, il est fondamental que l’homme ayant inséminé de force (donc sans consentement) une femme n’obtienne pas de droits parentaux.

Sans quoi, la justice valide et autorise la violence reproductive à l’encontre des femmes, les hommes pouvant ainsi les utiliser de force telles des mères porteuses. D’autant qu’il arrive fréquemment de nos jours que des hommes demandent la garde des enfants contre le gré de la mère.

S’approprier les utérus avec la « culture du viol »

Pour s’approprier les utérus sans que les femmes ne s’en rendent compte, la domination masculine a développé l’idée que les hommes étaient obsédés par le sexe, avec des pulsions sexuelles irrépressibles qui exigeaient absolument qu’ils aient des femmes à consommer. Sauf que la domination masculine ne vise pas le sexe, mais les utérus. Le sexe n’est que le moyen d’insémination des utérus.

Françoise Héritier, émission Les Mots de Minuit (2013) :
« 
(…) la copulation est nécessaire pour qu’il y ait grossesse (…) »
(Ina.fr, 2017)

Le sexe a été mis au premier plan uniquement pour masquer le but réel de la domination masculine : l’appropriation des utérus. En effet, c’est « la copulation » selon le terme utilisé par Françoise Héritier, qui permet l’insémination des femmes. Sans copulation, il ne peut y avoir grossesse. C’est pourquoi, pour avoir accès aux ventres des femmes, il est essentiel pour les hommes de contraindre les femmes à copuler. C’est précisément le rôle des violences sexuelles qui contraignent les femmes à la copulation, contre leur gré, et ceci de façon continue, afin que leurs ventres soient en permanence à disposition des hommes pour qu’ils puissent s’y reproduire en déposant leur semence.

D’où la « culture du viol » de nos sociétés patriarcales qui permet aux hommes de s’approprier les ventres des femmes à tout moment, avec la plus grande facilité, de rendre les utérus à tout instant disponibles pour les hommes. Autrement dit, les violences sexuelles systémiques n’ont rien à voir avec des pulsions sexuelles. Elles sont un pur acte de domination masculine pour accéder aux utérus.

La « culture du viol » contient une batterie de justifications qui permettent aux hommes d’inséminer les femmes en faisant abstraction de leur non-consentement. Par exemple, la justification la plus courante des violeurs : « Quand une femme dit non, c’est oui ». Autrice du blog Antisexisme, la féministe Noémie Renard a publié un ouvrage remarquable dans lequel elle décrypte un à un tous les mécanismes de la « culture du viol » :

« Le concept de « culture du viol » n’est malheureusement pas toujours bien compris. On pense à un encouragement, à une célébration du viol, alors qu’il s’agit surtout d’inertie et de vieux réflexes. On ne saura donc trop recommander la lecture d’un essai tout récent, qui synthétise brillamment ces enjeux : En finir avec la culture du viol, aux éditions Les Petits Matins. Son auteure, Noémie Renard, fournit une quantité redoutable d’exemples concrets. » (Renard, 2018)

La pornographie a aggravé de façon phénoménale la « culture du viol » en plaçant comme jamais les femmes dans une position d’objet sexuel et en leur faisant croire que c’est normal, qu’elles doivent se soumettre à ce type de sexualité extrêmement violente, sans quoi, elles ne seraient pas de « vraies femmes », mais des femmes coincées, frigides, etc. D’autre part, la pornographie banalise au plus haut point le viol, comme s’il s’agissait d’une simple pratique sexuelle pour laquelle toutes les femmes seraient en permanence à disposition, à la maison, dans la rue, dans le milieu professionnel, etc. Donc avec la pornographie, la « culture du viol » a de beaux jours devant elle.

Sans compter la pédopornographie qui fait croire aux hommes que la pédocriminalité est une simple orientation sexuelle et que les enfants sont à leur disposition pour du sexe. Or, la pédocriminalité est un crime d’une gravité extrême et là aussi, dans ce contexte de domination masculine, les filles en sont les principales victimes.

La finalité des violences sexuelles, c’est la prise de pouvoir sur les utérus

Nous l’avons vu, la « culture du viol » ou violence machiste systémique (Kuhni, 2018) permet d’installer la domination masculine. Sans elle, les hommes ne pourraient dominer les femmes.

Ces violences sont une forme d’oppression des femmes bien spécifique qui permet aux hommes de s’approprier les utérus. Toutefois, lorsque l’on parle de « culture du viol », l’on met au premier plan le viol (l’instrument de la domination masculine pour atteindre son objectif), alors que l’insémination des femmes (l’objectif lui-même) est totalement occulté. 

En effet, la société patriarcale a créé une séparation artificielle entre le sexe et la reproduction qui permet l’exploitation reproductive des filles et des femmes par les hommes sans que personne ne s’en aperçoive. La séparation artificielle entre sexe et reproduction a été très bien conceptualisée par la féministe américaine Andrea Dworkin dans son texte sur la ferme et le bordel (Dworkin, 2012) dont des extraits figurent plus loin dans l’article.

A cause de cette séparation artificielle créée par la société patriarcale, le lien entre les violences sexuelles et l’insémination des utérus est totalement oublié, occulté, avec le sexe d’un côté, la reproduction de l’autre côté, comme si l’un et l’autre n’avaient rien en commun.

Si nous n’occultions pas cette véritable cause de la violence machiste systémique (Kuhni, 2018), il serait plus juste de parler de « culture de l’insémination », de « culture des incubatrices » ou de « culture de la ferme » en reprenant le concept du modèle de la ferme d’Andrea Dworkin (2012) décrit ci-après.

Voici quelques-unes de ces violences machistes systémiques qui visent directement la reproduction :

– pressions sociétales massives pour que les femmes utilisent leur utérus ;

– violences économiques pour rendre les femmes dépendantes des hommes et les contraindre par ce moyen à être en couple (but de ce type de violence : appropriation des utérus dans le couple) ;

– devoir ou viol conjugal (but de ce type de violence : contraindre les femmes en couple à la procréation) ;

– féminicide ou menace de féminicide (lorsque les femmes et leurs enfants tentent d’échapper à l’homme qui se considère leur « propriétaire ») ;

– les mariages forcés des filles ;

– violences sexuelles envers les filles et les femmes (but de ce type de violence : les habituer à être inséminables à tout moment) ;

– viol des filles et des femmes (grossesse forcées) ;

– refus du préservatif avec des filles et des femmes (grossesses forcées) ;

– coercition reproductive à l’égard des filles et des femmes (grossesses forcées) ;

– violences gynécologiques et obstétricales (prise de pouvoir sur les organes reproducteurs des filles et des femmes) ;

– arrivée en force de la GPA ;

– résistance phénoménale à la PMA ;

– montée en puissance des lobbies anti-IVG ;

– emprisonnements de femmes pour avortement et fausses couches ;

– mutilations sexuelles féminines (pour les réduire à la reproduction) ;

– viols de guerre avec mutilation des organes reproducteurs des femmes (pour détruire la capacité de reproduction d’un peuple) ;

– enlèvements de guerre de filles et de femmes (pour les réduire à l’esclavage reproducteur*) ;

– etc.

* En enlevant des filles et des femmes, ces hommes recherchent avant tout des utérus pour se reproduire, afin de renouveler et accroître leur cheptel de « combattants ». Autrement dit, pour eux, le sexe vise en premier lieu à inséminer les ventres des filles et des femmes qu’ils enlèvent. Donc parler d’esclavage sexuel, c’est encore une fois occulter la finalité réelle de ces violences : l’exploitation reproductive.

L’occultation sert à normaliser un système oppresseur en le masquant

Certains systèmes oppresseurs fonctionnent au grand jour (dictatures, par ex.), d’autres de façon masquée (violences machistes, par ex.), sans que l’on puisse en avoir pleinement conscience. Le fait de masquer ou occulter augmente l’efficacité de l’oppression, car elle va dès lors passer pour naturelle, coulant de source, faisant partie de l’ordre des choses.

Dans nos sociétés patriarcales, l’appropriation du ventre des femmes (violence reproductive) est la violence la plus occultée, celle qui est totalement invisibilisée, à tel point qu’il n’existe rien dans le Code pénal pour la sanctionner. Une occultation aussi parfaite prouve que nous sommes face à la cause de l’oppression des femmes par les hommes. C’est la preuve que le système oppresseur de la domination masculine est bien fondé sur cette violence.

Sur ce thème de l’occultation, la coercition reproductive des femmes a donné lieu à l’inversion classique des systèmes de violences machistes (outil d’occultation), avec la création de mythes tels que ce seraient les femmes qui feraient des bébés dans le dos des hommes alors que ces derniers n’en voudraient pas. Or, depuis des millénaires, la situation est exactement l’inverse puisque ce sont les hommes qui s’approprient le ventre des femmes dans le but de se reproduire, avec une large palette de coercitions reproductives et de pressions sur les femmes pour qu’elles utilisent leurs utérus.

D’ailleurs, il n’existe aucun mythe du style « les hommes font des bébés dans le dos des femmes ». Cette absence de mots pour nommer cette violence est la signature de l’occultation.

L’occultation assure l’impunité des agresseurs

L’occultation de cette finalité de la domination masculine (s’approprier les utérus) permet également d’assurer l’impunité des agresseurs. En effet, comme les femmes n’ont pas conscience de la violence reproductive à leur égard, elles ne vont pas réclamer de lois pour sanctionner l’engrossement de force. Elles et la société entière continueront de considérer cela comme une fatalité, quelque chose de normal, de naturel, la conséquence irrémédiable du sexe. On se dira «Bah, voilà, c’est comme ça, on n’y peut rien ! »

Et si l’on veut sanctionner les agresseurs, l’on nous dira encore : « Comment osez-vous remettre en question la naissance d’un enfant ? » Alors qu’il n’est nullement question de rejeter la naissance d’un enfant. Il est simplement question de sanctionner l’engrossement de force pour stopper l’exploitation reproductive des femmes, la main-mise des hommes sur les ventres des femmes.

Pourquoi sanctionner cela ? Parce que l’engrossement de force est une violence inouïe envers les femmes et qu’il faut que cette oppression cesse. Les femmes ne doivent plus être réduites à l’état de « classe reproductive exploitée » à cause de leurs utérus.

Andrea Dworkin : la ferme et le bordel

En 1983, la légendaire féministe américaine Andrea Dworkin a conceptualisé autour des modèles patriarcaux de la ferme (maternité) et du bordel (prostitution) dans un passage de son ouvrage « Right Wing Women », en français « Les femmes de droite » (Dworkin, 2012).

Andrea Dworkin

Source image : Bennington College
Collège où Andrea Dworkin était étudiante en 1965

Ce texte est glaçant et fait froid dans le dos lorsque l’on pense à la GPA (gestation pour autrui ou mères porteuses) qui se développe dans l’indifférence générale, avec un battage médiatique considérable qui présente de plus cette nouvelle forme d’exploitation comme un progrès pour les femmes. Dans son texte, Andrea Dworkin explique également la séparation artificielle entre sexe et reproduction qui permet aux hommes d’exploiter les utérus sans que les femmes n’en aient conscience, car si elles en avaient conscience, les femmes n’accepteraient jamais d’être reléguées à l’état de « vaches » (Dworkin, 2012, pp. 174-176) pour que les hommes puissent se reproduire.

Voici quelques extraits de ce texte puissant :

« Il existe deux modèles qui décrivent essentiellement la façon dont les femmes sont socialement contrôlées et sexuellement utilisées : le modèle du bordel et celui de la ferme.

Le modèle du bordel est lié à la prostitution, au sens strict ; des femmes rassemblées aux fins d’être utilisées pour le sexe par des hommes ; des femmes dont la fonction est explicitement non reproductive presque antireproductive ; des animaux sexuels en rut ou qui feignent de l’être, s’affichant pour le sexe, qui se pavanent et posent pour le sexe.

Le modèle de la ferme est lié à la maternité, aux femmes en tant que classe ensemencées par le mâle et moissonnées ; des femmes utilisées pour les fruits qu’elles portent, comme des arbres ; des femmes allant de la vache primée à la chienne pelée, de la jument pur-sang à la triste bête de somme.

Ces deux pôles de la condition des femmes ne sont distincts et opposés qu’en surface, au plan conceptuel. Ce sont les hommes qui en font deux pôles et qui insistent sur leur distinction, leur opposition. Cette prétention masculine est intériorisée et réitérée jusqu’à ce qu’il soit plus facile de répéter le concept par cœur que de voir la réalité. Mais le concept n’est exact (descriptif) que d’un point de vue masculin – c’est-à-dire si l’on accepte les définitions masculines des actes et des femmes en cause. Tout au long de la vie des femmes, soit selon une perspective de femme, ces deux conditions se chevauchent et s’entrecroisent, chacune renforçant l’efficience de l’autre. Toute femme peut être à la fois prostituée et mère, prostituée et épouse (une mère éventuelle), ou l’une et puis l’autre, dans n’importe quel ordre ; et toute femme peut être sujette à la fois aux règles propres aux modèles du bordel et de la ferme.

Les euphémismes de la religion et de l’amour romantique empêchent habituellement les femmes de comprendre que le modèle de la ferme les concerne directement et personnellement. Les femmes d’aujourd’hui ne se perçoivent ni comme des vaches, ni comme une terre que l’homme ensemence, pourtant, le mariage patriarcal incorpore l’une et l’autre de ces traditions saisissantes qui définissent les femmes ; les textes de loi ont pour socle ces mêmes images et concepts de ce à quoi servent les femmes ; et l’usage des femmes comme vaches et comme terre a été au cœur de leur histoire. La façon dont les femmes sont traitées, évaluées et utilisées diffère remarquablement de leur perception d’elles-mêmes. (…) l’image qui leur serait renvoyée – vache, terre, utérus, moissonnée, labourée, ensemencée, récoltée, envoyée paître et desséchée – détruirait toute illusion d’individualité permettant à la plupart des femmes de tenir le coup. Les lois qui les ont transformées en possessions découlaient d’une analogie entre les femmes et les vaches que les hommes ont jugée pertinente depuis des siècles. Quant au qualificatif de vache comme insulte sexuelle, ce n’était apparemment pour eux qu’une observation neutre, qui reflétait leur disposition du moment – c’est une vache. L’idée que l’homme ensemence et que la femme est ensemencée date de l’Antiquité, et Marcuse est un de ceux qui l’ont réitérée à l’ère moderne en assimilant la femme à la terre. Le modèle de la ferme n’est pas discuté en tant que tel, même parmi les féministes : il révèle trop clairement l’impersonnalité, la dégradation et la futilité désespérées qu’implique la position subordonnée des femmes.

Le modèle du bordel est plus familier, entre autres parce que la situation des prostituées est exhibée à l’ensemble des femmes comme avertissement, menace, destin et damnation fatidiques, le châtiment infernal des filles déchues : châtiment des femmes qui ont une activité sexuelle sans la protection du mariage et sans l’objectif de la reproduction ; châtiment pour celles qui sont délinquantes ou rebelles ou sexuellement précoces ; châtiment pour être femme sans les sacrements purificateurs.

Dans le modèle du bordel, il est admis que la femme ne sert qu’au sexe, sans référence à la reproduction. (..) Certaines femmes de la gauche acceptent le point de vue gauchiste masculin pour qui il s’agit là d’une avancée gigantesque pour les femmes, pour qui cette séparation du sexe et de la reproduction est en réalité une forme de liberté – la liberté vis-à-vis de la contrainte domestique et la soumission domestique, la liberté face à un couplage intrinsèquement totalitaire entre le sexe et la reproduction. Elles ne comprennent pas que, dans le modèle du bordel, le sexe est dissocié de la reproduction pour que le sexe puisse être vendu, pour que le sexe (et non les bébés) soit ce qui est produit, pour que soit créée une association intrinsèquement totalitaire entre le sexe et l’argent, qu’exprime avec lucidité la vente de la femme comme marchandise sexuelle.

(…) Le modèle de la ferme, en revanche, exige l’usage constant de la force (explicite ou implicite, un mélange savamment dosé d’habitude) (…) Conscients de ces limites du modèle de la ferme, les hommes l’ont tout simplement imposé à toutes les femmes non prostituées, pour se garantir les meilleures chances : ils punissent de sanctions sociales et économiques les femmes qui tentent d’y échapper, surtout celles qualifiées de vieilles filles et les lesbiennes. (…) les hommes ont exercé le pouvoir de leur classe de sexe de façon à tenir toutes les femmes non prostituées en état de reproduction sous la domination explicite d’un mari. Ce fut leur meilleure méthode pour contrôler la reproduction, pour s’approprier l’utérus et avoir des enfants, pour tenir les femmes sous le joug de la volonté reproductive des hommes. » (Dworkin, 2012, pp. 174-186).

Les femmes de droite – Andrea Dworkin (2012)

En Suisse, le viol, ce n’est que la pénétration vaginale par un pénis

En Suisse, le viol n’est reconnu que pour la pénétration vaginale par un pénis. Toutes les autres pénétrations (fellation, sodomie, pénétration par un objet, etc.) sont considérées comme de simples « contraintes sexuelles », avec des peines plus légères.

« La législation suisse définit le viol (art. 190 du Code pénal) seulement lorsqu’il y a pénétration vaginale par un pénis. Tout autre type de pénétration n’est défini que comme une « contrainte sexuelle » (art. 189 du Code pénal). Et la victime doit prouver qu’elle a été mise hors d’état de résister (violence, menace, pressions). » (OLF Suisse, 2016)

En créant cette loi, la préoccupation du législateur suisse n’a pas été de protéger l’intégrité des femmes Sa seule préoccupation a été de protéger l’intégrité des femmes en tant que propriété de l’homme, du fait qu’un viol vaginal entraînait un risque de descendance illégitime pour le mari. Et cette loi perdure aujourd’hui encore.

La loi suisse sur le viol est donc un véritable « Stop, chasse gardée, l’utérus de cette femme appartient à son mari ! ». Par elle-même, cette loi suisse symbolise bien l’exploitation reproductive des femmes et l’appropriation des utérus par les hommes.

En plus d’avoir l’une des lois sur le viol les plus archaïques et genrées au monde, la Suisse considère le viol comme un crime « bagatelle » (Fournier-Lorentz, 2018), à tel point que d’autres pays s’en inquiètent.

« L’article 190 du Code pénal suisse définit actuellement le viol comme étant la contrainte « d’une personne de sexe féminin » à subir « l’acte sexuel », c’est-à-dire « la pénétration vaginale par un pénis ».

Un crime « bagatelle » en Suisse (…) il y a de quoi être alarmé par le retard qu’accumule la Suisse, par rapport aux pays voisins, en matière de définition du viol, des contraintes sexuelles, et de peines infligées. En plus d’avoir une vision genrée et archaïque du viol, la loi suisse prévoit des peines que beaucoup qualifient de particulièrement légères contre les auteurs de viol, à tel point qu’une série d’articles dénonçaient en 2016 le caractère « bagatelle » de ce crime. (…) La peine plancher d’un viol est, toujours en Suisse, d’un an — trois ans en cas de circonstances aggravantes. La peine maximale est de 10 ans. Le viol d’un homme ainsi que le fait de subir une sodomie, une fellation ou encore une pénétration par objets sont classés comme « contraintes sexuelles », et plus légèrement punies.

À titre de comparaison, en France, l’article 222-23 du Code pénal dispose que : « Tout acte de pénétration sexuelle, de quelque nature qu’il soit, commis sur la personne d’autrui, par violence, contrainte, menace ou surprise, est un viol« . La loi belge possède la même définition juridique. Le viol est puni de 15 ans de réclusion criminelle par la loi française. Cette peine peut être portée à 20 ans en cas de circonstances aggravantes, 30 ans si le viol a causé la mort de la victime, ou la perpétuité s’il a été accompagné de tortures. » (Fournier-Lorentz, 2018).

En Suisse, ces peines particulièrement légères pour le viol (reconnu uniquement pour pénétration vaginale par un pénis) fait penser que l’homme qui viole une femme par pénétration vaginale avec son pénis ne doit pas être sanctionné trop sévèrement, sachant qu’il a potentiellement inséminé l’utérus de cette femme, ce qui est considéré comme un acte valeureux par le patriarcat.

Pour les filles, l’âge du consentement pour le sexe, c’est l’âge pour être engrossées

Les deux groupes ayant le plus grand nombre de grossesses non désirées sont les adolescentes et les femmes précarisées. Cela signifie qu’un grand nombre de filles mineures sont engrossées sans leur consentement (grossesses non désirées), souvent par des hommes adultes.

Le 13 février 2018, le tribunal correctionnel de Pontoise s’est déclaré incompétent (Quentel, 2018) pour juger le viol d’une fillette de 11 ans par un homme de 28 ans. Cette affaire était jugée en correctionnelle parce que la fillette avait été considérée comme consentante par le parquet ! Ce prétendu consentement a eu pour effet de déqualifier le viol (un crime) en « atteinte sexuelle » (un délit) et donc de permettre de condamner le pédocriminel bien plus légèrement.

« En avril 2017, une fillette de 11 ans avait porté plainte pour “viol” contre un homme de 28 ans. Le parquet de Pontoise avait considéré qu’elle était consentante, et choisi de qualifier pénalement les faits comme “atteinte sexuelle sur mineur de moins de 15 ans” – ce que les parties civiles contestaient vivement. Le dossier, qui a relancé le débat sur l’âge légal de consentement des mineur-e-s

(…) [les faits] en avril 2017, Sarah*, onze ans, rentre du collège. Elle est abordée par Romain*, un homme de 28 ans, qu’elle ne connaît pas, et accepte de le suivre jusqu’à un immeuble. Là, il tente de l’embrasser, puis exige une fellation à la petite fille qui la fait, “tétanisée” selon sa mère, citée par Mediapart, qui avait révélé l’affaire. Elle le suit ensuite à son appartement, où l’homme la pénètre sexuellement. La fillette, bouleversée, s’empresse de téléphoner à sa mère en sortant et lui raconte tout. Une plainte pour « viol » est déposée dans la foulée. » (Quentel, 2018).

C’est au moment de l’affaire de Pontoise que la population française a appris avec stupéfaction qu’il n’y avait aucun interdit clair dans la loi pour le sexe entre enfants et adultes (pédocriminalité) et que cela était laissé à l’appréciation des juges !

L’affaire de Pontoise a donc provoqué un tollé en France et un début de réflexion pour changer la loi afin d’y introduire un âge du consentement irréfragable pour les mineur-e-s (13 ans ou 15 ans). Au regard de la loi, l’âge du consentement est celui où les mineur-e-s ont le droit de choisir en tout légalité d’avoir du sexe avec des adultes. Cette limite d’âge existe déjà dans le code pénal de certains pays, défini à 11, 12, 13, 14 ou 15 ans selon le pays.

Malheureusement, en déterminant un âge du consentement des mineur-e-s, l’on traite de la même façon les filles et les garçons. Or, dès la puberté, les filles peuvent être enceintes. Donc si l’âge du consentement est fixé à 13 ans ou 15 ans, dès cet âge elles pourront être engrossées par des hommes adultes. Donc la situation n’est absolument pas la même pour les filles que pour les garçons.

Par conséquent, fixer un âge du consentement pour le sexe en faisant abstraction que les filles peuvent être engrossées est très problématique, cela signifie que les hommes adultes ont l’autorisation d’engrosser les filles dès cet âge. Et la grave violence que cela représente, personne n’en parle. La société entière fait semblant de l’« oublier ».

Pour fixer un âge du consentement au sexe pour les filles, si l’on cessait de faire semblant d’ « oublier » que les filles peuvent être ensemencées, il faudrait intégrer le paramètre de la grossesse et déterminer à partir de quel âge un homme adulte a le droit de disposer de l’utérus d’une mineure. Autrement dit, l’âge du consentement pour le sexe devrait intégrer l’âge du consentement pour la reproduction, c’est-à-dire un âge auquel les filles mineures peuvent être engrossées.

Dans nos sociétés,
lorsque des filles mineures sont engrossées par des hommes adultes,
nous reproduisons quasiment les « mariages forcés »
que nos pays dit développés prétendent pourtant dénoncer

Source image : « L’ONU dénonce les mariages d’enfants »
« Dans les pays en développement, une fille sur trois est mariée avant d’avoir fêté ses 18 ans. » (Le Figaro, 12 octobre 2012)

Lorsqu’un homme adulte engrosse une fille mineure qui n’a pas atteint l’âge de la majorité sexuelle ou l’âge du consentement, il s’agit clairement de pédocriminalité.

D’autre part, au niveau de la loi, ce sont les adultes qui sont responsables face à des personnes mineures. Par conséquent, c’est à l’homme adulte de prendre des mesures (contraception masculine + préservatif, etc.) pour ne pas engrosser une fille mineure en ayant du sexe avec elle. C’est la pleine responsabilité de l’homme adulte. Et s’il engrosse une fille mineure, il devrait être sanctionné sévèrement.

Une fille mineure n’a pas la maturité psychique pour savoir qu’elle risque d’être exploitée pour son utérus, ni même pour avoir pleinement conscience qu’elle risque d’être engrossée si elle a du sexe avec un homme. En revanche, l’adulte le sait parfaitement. Donc la responsabilité d’une grossesse appartient à l’homme adulte et non à la fille mineure.

Malheureusement, il n’existe aucune infraction pour les hommes qui engrossent des filles mineures. Pourtant, être engrossée en tant que mineure est une violence extrême, avec l’effondrement de sa jeunesse, de ses projets, de sa vie, etc. sans compter l’exploitation reproductive de son utérus.

D’autant que la majorité des filles mineures qui ont du sexe avec un homme adulte sont sous son emprise, manipulées par lui (grooming), mises sous pression par lui pour qu’elles cèdent. Autrement dit, les filles mineures ne souhaitent pas du sexe avec cet homme adulte, mais elles y sont contraintes. Donc si après avoir subi du sexe contre leur gré, elles sont en plus engrossées, il s’agit d’une double violence, d’une double exploitation de filles mineures par des hommes adultes.

Les coercitions reproductives (grossesses forcées)

Les coercitions reproductives les plus courantes pour contraindre une femme à une grossesse sont le viol et le refus du préservatif (ou condom). Les hommes refusent souvent le préservatif sous prétexte d’un manque de sensation, mais en réalité, le refus du préservatif est souvent fondé sur le fait qu’ils éprouvent une excitation beaucoup plus grande lorsqu’ils savent qu’ils peuvent inséminer une femme. Ce refus du préservatif est donc un acte de domination pure de la part d’un homme, un acte de prise de pouvoir sur l’utérus d’une femme pour contraindre cette femme à procréer pour lui.

Parmi les coercitions reproductives pour une grossesse forcée, on trouve également le stealthing (retrait du préservatif à l’insu de la femme), le sabotage de la contraception (perçage du préservatif, destruction des pilules contraceptives, etc.) et l’entrave à l’avortement.

«  Le stealthing et la coercition reproductive (…) des pratiques inquiétantes qui méritent d’être documentées (…) le retrait du condom lors des relations sexuelles, à l’insu du [ou de la] partenaire qui se fait pénétrer, communément appelé le stealthing, n’est ni une légende urbaine, ni un phénomène isolé (HuffPost, mai 2017 ; Journal de Montréal, mai 2017 ; Journal de Québec, mai 2017).

(…) Ce qui caractérise le stealthing, c’est l’absence de consentement à une relation sexuelle sans condom.

(..) Dans le cadre de nos travaux de recherche actuels, nous concevons le stealthing qui se produit entre partenaires hétérosexuels comme la pointe de l’iceberg d’un phénomène plus large: la coercition reproductive.

À l’intersection des domaines des violences faites aux femmes et de la santé reproductive, la coercition reproductive fait référence à des comportements qui interfèrent avec la contraception et la planification des naissances et réduisent l’autonomie reproductive féminine

(…) Outre le stealthing, comment se manifeste la coercition reproductive ? (…) La première forme réfère au sabotage contraceptif (…) p.ex., en retirant le condom lors de la relation sexuelle, en perçant un trou dans le condom ou en détruisant les pilules contraceptives (…).

La seconde forme renvoie aux pressions relatives à la grossesse (…) [l’homme] menace de rompre la relation si [la femme] (…) ne devient pas enceinte (p.ex., menacer d’infidélité, etc.), ou de la blesser physiquement si elle utilise (ou non) la contraception afin de contrôler la survenue d’une grossesse.

La troisième forme de coercition reproductive, la coercition durant la grossesse (…) afin de décider seul de l’issue de la grossesse (p.ex., en empêchant la partenaire d’avoir recours à une interruption volontaire de grossesse) (Chamberlain & Levenson, 2012; Clark et al., 2014; Miller et al., 2010a; Miller & Silverman, 2010; Moore, Frohwirth, & Miller, 2010; Silverman et al., 2010). » (L3S, 2017)

Voici un excellent diaporama avec 9 signes de coercition reproductive (grossesses forcées) que l’on peut observer, sachant qu’il y a en plus le viol, les pressions sociétales pour être enceinte et les entraves à l’avortement : The 9 Signs Of Reproductive Coercion

1) « Told you not to use any birth control (like the pill, shot, ring, etc.) ». Traduction : Il vous a dit de n’utiliser aucune contraception (comme la pilule, le contraceptif en injection, l’anneau vaginal, etc.).

2) « Said he would leave you if you didn’t get pregnant ». Traduction : Il a dit qu’il vous quitterait si vous ne deveniez pas enceinte.

3) « Told you he would have a baby with someone else if you didn’t get pregnant ». Traduction : Il a dit qu’il aurait un bébé avec quelqu’un d’autre si vous ne deveniez pas enceinte.

4) « Taken your birth control (like pills) away from you or kept you from going to the clinic to get birth control ». Traduction : Il vous a enlevé votre contraception (comme les pilules) et il vous a empêché d’aller à la clinique pour obtenir une contraception.

5) « Made you have sex without a condom so you would get pregnant ». Traduction : Il a fait en sorte que vous ayez du sexe sans condom afin que vous deveniez enceinte.

6) « Hurt you physically because you did not agree to get pregnant ». Traduction : Il vous a blessé physiquement parce que vous n’étiez pas d’accord de devenir enceinte.

7) « Taken off the condom while you were having sex, so you would get pregnant ». Traduction : Il a retiré le condom pendant que vous aviez du sexe, afin que vous deveniez enceinte.

8) « Put holes in the condom so you would get pregnant ». Traduction : Il a fait des trous dans le condom, afin que vous deveniez enceinte.

9) « Broken the condom on purpose while you were having sex so you would get pregnant ». Traduction : Il a cassé le condom volontairement pendant que vous aviez du sexe, afin que vous deveniez enceinte.

Ce diaporama est tiré de l’article « What Women Need To Know About Reproductive Coercion » publié par Huffpost (Almendrala, 2016), à recommander pour celles et ceux qui lisent l’anglais.

« What Women Need To Know About Reproductive Coercion »
(Ce que les femmes doivent savoir à propos de la coercition reproductive)

Source image :
article Huffpost du 15 octobre 2016 (Almendrala, 2016)

GPA (gestation pour autrui ou mères porteuses)

Avec la GPA (gestation pour autrui ou mères porteuses), on en arrive aujourd’hui à un véritable commerce des ventres des femmes et des bébés qu’elles procréent.

GPA (gestation pour autrui)

Source image :
«Une tribune estime la GPA « contraire aux droits de la personne humaine » »
(L’Express Société, 19 janvier 2018)

La GPA est l’ultime tentative de nos sociétés patriarcales pour s’approprier ouvertement les ventres des femmes jusqu’à en faire un commerce. La GPA aggrave donc considérablement l’exploitation reproductive des femmes. D’autant que la GPA entraîne une double exploitation des femmes : celle de la mère porteuse et celle de la donneuse d’ovocytes, soit 2 processus extrêmement lourds pour les femmes. Si la GPA se généralisait, il y aurait d’ailleurs très vite déclenchement d’un trafic d’ovocytes et d’un trafic de mères porteuses dont les femmes de milieux et pays défavorisés seraient les principales victimes, car les autres femmes refuseraient sans doute une telle exploitation. Voici un ouvrage remarquable sur ce thème :

« Basé sur une enquête ethnographique rigoureuse menée auprès de #mèresporteuses indiennes, de parents d’intention et de personnel médical, le livre montre les sombres connexions entre la pauvreté et la #GPA. » (Le CoRP, 2018)

(Saravanan, 2018)

Descriptif de l’éditeur : « Applies a reproductive justice approach to ‘transnational feminism’ in an attempt to build a global feminist solidarity
Provides ethnographical insights from the author’s empirical research in India
Introduces ‘humanitarian feminism’ as a concept identifying humane thresholds that are crossed in asserting individual reproductive rights 
» (Springer, 2018)

La GPA est l’ultime tentative de nos sociétés patriarcales pour s’approprier ouvertement les ventres des femmes jusqu’à en faire un commerce. La GPA aggrave donc considérablement l’exploitation reproductive des femmes. D’autant que la GPA entraîne une double exploitation des femmes : celle de la mère porteuse et celle de la donneuse d’ovocytes, soit 2 processus extrêmement lourds pour les femmes. Si la GPA se généralisait, il y aurait d’ailleurs très vite déclenchement d’un trafic d’ovocytes et d’un trafic de mères porteuses dont les femmes de milieux et pays défavorisés seraient les principales victimes, car les autres femmes refuseraient sans doute une telle exploitation.

Les partisans de la GPA tentent de faire croire qu’il est naturel que les femmes offrent généreusement, au péril de leur vie et de leur santé, leurs ovocytes (donneuses d’ovocytes), leur corps et leur vie pendant 9 mois (mères porteuses), pour que d’autres (souvent des hommes) puissent se reproduire. Or la grossesse et l’accouchement sont des expériences éprouvantes pour le corps des femmes, avec risque élevé de complications et de séquelles, voire risque de mort. Lorsque l’accouchement se fait par césarienne, les femmes subissent une opération chirurgicale importante (ouverture du ventre), ce qui représente des risques supplémentaires importants, avec un temps de récupération et de cicatrisation souvent très long et une grande cicatrice sur le ventre. Mais tout cela est bien évidemment minimisé, comme si la césarienne n’était qu’une simple petite formalité. De cette façon, les femmes acceptent ces lourdes et dangereuses épreuves sans jamais oser se plaindre.

« Le risque de mortalité après une césarienne peut être multiplié par un facteur variant de 2 à 10 par rapport à un accouchement par voie basse. Un pourcentage important, de l’ordre de 20 à 45%, des décès d’une femme enceinte qui accouche, peut être favorisé par une césarienne. Plus le taux de césariennes est élevé, plus les risques de complications maternelles graves sont importants : hémorragies tardives plus importantes, infection de la cicatrice, baisse de la fertilité, apparition d’un utérus cicatriciel rendant plus difficile l’arrivée d’un autre enfant, augmentation du taux d’infections nosocomiales de 5 à 10%, etc. » (Le Journal des Femmes, 2018)

PMA (insémination artificielle)

Pendant ce temps-là, les femmes seules et les couples lesbiens se heurtent à des obstacles inexplicables pour obtenir une PMA (insémination artificielle), alors qu’il n’y a aucune exploitation ni marchandisation du corps dans ce cas.

La PMA est comparable à une insémination naturelle (injection de sperme dans le vagin) telle qu’elle existe depuis la nuit des temps, faite par des hommes qui copulent l’espace d’un soir puis s’en vont. La PMA est si proche d’une insémination naturelle que certaines femmes qui souhaitent être enceintes font elles-mêmes des auto-inséminations (inséminations artificielles « maisons ») avec un échantillon de sperme et un matériel très simple :

« Les instruments nécessaires pour réaliser l’insémination artificielle à la maison peuvent s’acheter en pharmacie. Voici leur liste:

Seringue stérile de 2 à 5 ml sans aiguille. Celles qui ont une canule incorporée sont les plus recommandées car elles augmentent leur longueur.

Gants en latex.

Récipient stérile pour l’échantillon de sperme.

Sérum physiologique qui facilite l’aspiration du sperme. » (PMAfertilité, 2017)

Bien sûr, avec la PMA, le père ne sera pas là pour l’enfant. Mais il en va de même pour la GPA : les 2 mères (mère porteuse et donneuse des ovocytes) ne seront pas là, elles non plus, pour l’enfant. Par conséquent, il est plus que douteux d’invoquer des questions de filiation et de parentalité pour la PMA et d’ignorer ces questions pour la GPA.

Don d’ovocytes

Un don d’ovocytes (gamètes femelles) n’a strictement rien à voir avec un don de sperme ou de spermatozoïdes (gamètes mâles).

Les femmes ont un nombre limité d’ovocytes (environ 400’000) fabriqués avant la naissance au 7ème mois de vie embryonnaire. Il n’y a plus aucune production d’ovocytes par la suite. Une femme aura environ 400 ovulations dans toute sa vie. Les ovulations ont lieu de la puberté à la ménopause (période de fertilité). Au cours de chaque cycle menstruel, plusieurs centaines d’ovocytes (env. 600) démarrent leur croissance. Mais lors de la ponte ovulaire, il ne reste plus qu’un seul ovocyte qui entame alors un processus de maturation pour devenir un ovule. Donc un ovule est un ovocyte libéré au moment de l’ovulation et arrivé à maturité (prêt à être fécondé).

Les ovocytes ne peuvent être extraits qu’au moyen d’une ponction, soit une opération chirurgicale avec anesthésie partielle ou totale, précédée de nombreux examens médicaux et d’un traitement pour stimuler l’ovulation.

« Pendant le processus de sélection, on effectue un bilan médical, un examen gynécologique, une analyse sanguine et des échographies. On procède également à (…) une cytologie vaginale, une analyse bactériologique des sécrétions vaginales et du col de l’utérus, et des tests de dépistage du SIDA, de l’hépatite B et C, syphilis, thalassémie et hémophilie. On effectue également un caryotype afin de déceler les éventuelles anomalies génétiques. Si les examens sont normaux, la donneuse est acceptée. Environ 25 % des personnes examinées sont acceptées. (…)

La procédure du don d’ovules – La donneuse acceptée entame un traitement hormonal (injections tous les jours) sous contrôle gynécologique. Ce traitement est destiné à stimuler la maturation des ovules dans les ovaires. Le début du traitement correspond au début du cycle d’ovulation, c’est-à-dire au commencement des règles.

Les contrôles sont effectués grâce à des échographies et des analyses sanguines pour que le gynécologue vérifie que les ovaires répondent bien au traitement. Après vérification de la réponse ovarienne, on fixe la date d’extraction des ovules. Pour extraire les ovules, il faut réaliser une ponction des follicules qui ont mûri dans les ovaires. » (Instituto de reproducción CEFER, 2013),

Le don d’ovocytes est un geste médical et comme tout geste médical, il y a un risque de complications et de séquelles. Donc faire un don d’ovocytes signifie pour les femmes de prendre un risque pour leur santé voire leur vie.

Ponction folliculaire ou ovocytaire (ou ponction d’ovocytes)

Source image : « La ponction ovocytaire »

« Les effets secondaires de la ponctionLors de la ponction, les ovaires sont très gros en raison du grand nombre de follicules. La ponction en elle-même ne diminue pas significativement la taille des ovaires et provoque parfois un petit saignement à l’intérieur de l’abdomen.

Il est donc très habituel de ressentir, dans les jours qui suivent la ponction, un ballonnement abdominal un peu douloureux. (…) Ceci est plus rare dans le cas d’une ponction sur cycle naturel étant donné qu’un seul ovocyte est ponctionné et que la canule ne « pique » l’ovaire qu’une seule fois.

Les autres signes couramment observés sont les nausées, et des pertes de sang, secondaires à la pénétration de la paroi vaginale par l’aiguille lors de la ponction.

Avec des ovaires gros et sensibles, plus vous vous agiterez, plus vous aurez mal au ventre, et le repos allongé est la seule méthode efficace pour vous soulager.

En revanche, il faut s’inquiéter de signes évoquant une complication, en particulier une hyperstimulation ovarienne sévère ou une infection (voir complications). Ces signes sont principalement des douleurs abdominales importantes et cédant mal aux antalgiques, un gonflement important de l’abdomen et une prise de poids rapide supérieure à 3 kilos, de la fièvre ou de gros troubles du transit intestinal. Dans ce cas, il est indispensable de prévenir rapidement votre gynécologue. » (Fiv.fr, 2018).

La donneuse se confronte à ce lourd processus médical contraignant et risqué pour quelques ovocytes à peine, car une ponction ne permet de récolter que très peu d’ovocytes : « Le plus souvent, après stimulation ovarienne, on recueille entre 5 et 10 ovocytes » (Fiv.fr, 2018). Ce qui signifie que les ovocytes constituent un bien d’une très grande valeur qui peut déclencher rapidement un trafic à grande échelle.

Don de sperme

Un don de sperme est le don d’un fluide organique produit au moyen d’une éjaculation (avec orgasme, donc avec un plaisir intense). L’expulsion d’un fluide organique fait partie des fonctions éliminatoires de base de l’organisme, au même titre que la fonction urinaire (la prostate joue d’ailleurs un rôle actif tant au moment d’uriner et que d’éjaculer). D’autre part, une simple éjaculation permet de récolter un nombre considérable de spermatozoïdes puisque les hommes fabriquent en permanence des centaines de millions de spermatozoïdes : une éjaculation libère entre 2 et 5 ml de sperme avec une concentration en spermatozoïdes de 50 à 200 millions/ml.

Donc lorsqu’ils font un don de sperme, les hommes ne font qu’évacuer un fluide organique, avec un plaisir orgasmique en prime (masturbation dans une salle avec des films X). Cela n’a rien de comparable avec un don d’ovocytes. Si pour donner leurs spermatozoïdes les hommes devaient faire une ponction dans les testicules (pour extraire les spermatozoïdes) ou dans la prostate (pour extraire le sperme / soit le produit fini ou liquide éjaculable), la grande majorité des hommes seraient trop effrayés et il y aurait peu de donneurs.

Plusieurs centaines de GPA pour un seul homme

La GPA offre aux hommes une opportunité inespérée d’exploiter le ventre des femmes et cette exploitation est souvent validée par la justice. Dans ce registre, voici une histoire qui risque fort de faire des émules, puisque la justice vient de donner raison à cet homme.

Mitsutoki Shigeta est un homme de 28 ans (fils d’un milliardaire japonais) dont le but est d’avoir plusieurs centaines d’enfants au moyen de la GPA. Il a utilisé des mères porteuses en Thaïlande, pays où la GPA était légale. Mais en 2014, la police a découvert 9 bébés et 8 femmes enceintes dans son appartement de Bangkok. L’affaire a été nommée « l’usine à bébés ». Les bébés ont été remis aux services sociaux et l’homme a été poursuivi pour trafic d’êtres humains et exploitation d’enfants. Suite à cela, Mitsutoki Shigeta a pris la fuite vers le Japon avec un bébé et a entrepris des procédures pour « récupérer » ses enfants. En 2015, la Thaïlande a interdit la GPA commerciale aux étrangers. Pourtant, le 20 février 2018, la justice a décidé que cet homme est le père biologique légal des enfants et qu’il avait tous les droits parentaux sur eux. Il peut donc « récupérer » tous ces enfants. Aujourd’hui, il en aurait déjà 19 (Brut, 2018c).

L’usine à bébés de Mitsutoki Shigeta

Source image : Brut, 2018c

Capture d’écran de la vidéo

Pour beaucoup, cette histoire se termine par un merveilleux happy end (il « récupère » SES 19 bébés), en occultant bien sûr les 19 femmes exploitées pour produire SES bébés et les centaines d’autres femmes que cet homme exploitera s’il poursuit ailleurs qu’en Thaïlande son projet d’avoir plusieurs centaines de bébés par GPA.

Cette occultation est typique de l’exploitation reproductive des femmes.

« Usine à bébés » ou « fabrique de bébés »

La simple utilisation des termes « usine à bébés » ou « fabrique à bébés » pour la GPA est déjà une occultation que ce sont des femmes (des êtres humains) qui produisent ces bébés (des êtres humains). Ces termes passent inconsciemment le message que ces bébés sont des objets (chosification) « pondus » par des machines (utérus artificiels).

C’est exactement ce que recherchent les partisans de la GPA : déshumaniser la procréation de ces bébés afin de faire croire que la GPA ne pose aucun problème d’exploitation d’êtres humains. Or ce sont des femmes qui, au péril de leur vie et de leur santé, « pondent » ces bébés pour autrui, comme des animaux d’élevage, selon le modèle de la ferme de la célèbre féministe américaine Andrea Dworkin (2012).

Don d’organe

Les partisans de la GPA tentent de faire légaliser cette pratique en utilisant l’argument que la GPA serait l’équivalent d’un don d’organe, comme si donner un organe, ce n’était rien, juste une petite chose anodine que l’on fait comme ça, et hop, c’est oublié, on passe à autre chose.

Or, on ne donne pas ses organes comme cela ! Un don d’organe de son vivant est un sacrifice gigantesque au péril de sa vie et de sa santé (complications, séquelles, etc.). C’est pourquoi la majorité des prélèvements d’organes se fait sur des personnes mortes. Autrement dit, le don d’organe est fait par des personnes qui ne présentent plus aucun risque vital puisqu’elles sont décédées.

Un don d’organe de son vivant n’existe que pour sauver la vie d’un être très proche. A part cela, personne ne donne de son vivant un organe à autrui, hormis les personnes en grande précarité qui sont contraintes pour survivre de vendre leurs organes au péril de leur vie et de leur santé. Mais dans ce cas, on ne peut parler de « don » puisqu’il s’agit d’une exploitation très grave de populations précarisées dans le but de leur prendre leurs organes (au péril de leur vie) pour en faire un commerce en les revendant très cher.

Autrement dit, donner de son vivant ses organes à autrui est une violence inimaginable faite exclusivement dans le cadre d’une grave exploitation d’êtres humains. Alors comment ose-t-on exiger cela de la part des femmes et de plus pour le simple plaisir d’autrui, pour le simple fait de « pour pouvoir se reproduire, pouvoir faire du semblable à eux-mêmes [les hommes] » selon les termes de l’anthropologue Françoise Héritier (Ina.fr, 2017) ?

Le désir de vouloir se reproduire ne justifie en rien un tel sacrifice de la part des femmes, la grossesse de 9 mois et l’accouchement se faisant comme le don d’organe de leur vivant au péril de la vie et de la santé des femmes (complications, séquelles, morts en couche, etc.). Combien d’hommes accepteraient un tel sacrifice pour permettre à autrui de se reproduire ?

Enfin, lorsque les partisans de la GPA parlent de « don d’organe », s’ils font référence à l’enfant à naître qui est ensuite « donné » à autrui, il est important de préciser qu’un bébé n’est pas un organe.

Le droit à se reproduire

Pour légaliser la GPA, ses partisans invoquent un soi-disant « droit à se reproduire ». Or, il n’existe aucun droit à se reproduire. Ce droit n’existe pas. Les droits humains sont des droits protecteurs pour la personne. Ils ne sont en aucun cas des droits sur autrui.

Les droits parentaux sont les seuls « droits sur autrui » existants.
Et ces droits sont en réalité des devoirs envers les enfants.
Ils ne sont en aucun cas des droits à utiliser les enfants pour quoi que ce soit.

Prétendre avoir un « droit à se reproduire dans le corps d’autrui », c’est s’arroger un droit sur autrui, soit exactement le contraire des droits humains. Dans le même registre, les hommes prétendent souvent qu’il existerait un « droit à avoir du sexe », afin de justifier l’utilisation de femmes dans la prostitution ou l’assistanat sexuel.

En matière de droits humains, le « droit à avoir quelque chose » ne peut exister si cette « chose » est un être humain. Sinon, c’est de l’exploitation d’êtres humains, de l’esclavage. Par conséquent, sachant que la reproduction exige l’utilisation d’une femme et qu’une femme n’est ni un produit alimentaire ni un bien immobilier, le droit à se reproduire n’existe pas. Une femme est un être humain avec des droits et ceux d’autrui ne peuvent en aucun cas empiéter sur ces droits humains. Il en va de même pour le sexe.

C’est pourquoi, les droits sexuels et reproductifs promulgués par les textes internationaux ne donnent absolument pas de droits sur autrui. Ces droits visent au contraire le respect des droits d’autrui et protègent contre l’exploitation sexuelle et reproductive. Autrement dit, les droits sexuels et reproductifs sont des droits protecteurs pour les femmes, afin de les protéger des violences sexuelles et reproductives. Ces droits ont été créés en raison d’un contexte de domination masculine qui a permis depuis des millénaires aux hommes d’exploiter les femmes pour le sexe et la reproduction. Donc les droits sexuels et reproductifs ne sont en aucun cas des droits pour les hommes à accéder à des femmes pour le sexe ou la reproduction (droits sur autrui). Ils sont exactement le contraire.

Depuis la nuit des temps, ce sont les hommes qui se sont accordés par eux-mêmes des droits à avoir du sexe et des droits à se reproduire, afin de s’approprier le ventre des femmes. Ces « droits patriarcaux » ont toujours été présentés comme des « droits naturels », coulant de source, faisant partie de l’ordre des choses. Mais depuis quelques décennies, les femmes s’élèvent contre l’exploitation de leur corps. En réaction à la révolte des femmes, les hommes tentent de faire entrer ces droits patriarcaux dans la loi pour qu’ils puissent en toute légalité, de façon très officielle, contraindre les femmes au sexe et à la reproduction, en s’appuyant sur le droit international, régional (européen, etc.) et national. Ces « droits patriarcaux auto-proclamés » (droit à avoir du sexe et droit à se reproduire) doivent absolument être dénoncés, sinon la domination masculine ne fera qu’empirer et ne sera jamais abolie.

La définition adoptée par l’OMS en 2006 précise très clairement que les droits sexuels font partie des droits humains et que ces derniers impliquent le respect des droits d’autrui (les droits reproductifs font partie des droits sexuels) : « Les droits sexuels comme faisant « partie des droits de la personne qui sont d’ores et déjà reconnus dans les lois nationales, les documents internationaux relatifs aux droits de la personne et d’autres documents adoptés par consensus. (…) L’exercice responsable des droits humains veut que toute personne se doit de respecter les droits d’autrui. ». (Ministère des affaires sociales, de la santé et des droits des femmes, 2015). Ce texte inclut aussi la santé reproductive (ou droits reproductifs) qui sont eux aussi des droits protecteurs pour les femmes.

Pour les droits humains liés à la reproduction, le collectif CORP (Collectif pour le Respect de la Personne) présente sur son site un excellent ouvrage intitulé « Surrogacy, A Human Rights Violation », en français : « La GPA, une violation des droits humains » (CORP, 2017). L’autrice de cet ouvrage est Renate Klein, chercheuse en biologie et en sciences sociales depuis plus de 30 ans, également professeure à l’Université de Melbourne (Australie). La Dre Renate Klein a déjà publié plusieurs ouvrages sur les technologies de la reproduction humaine et les théories féministes.

« Surrogacy, A Human Rights Violation »
(La GPA, une violation des droits humains)

Publié le 1er août 2017 chez Spinifex (Melbourne, Australie),
une maison d’édition indépendante féministe

Pour résumer, les droits sexuels et reproductifs font partie intégrante des droits humains qui servent à protéger les êtres humains de toute violence, de toute exploitation par autrui. Ces droits figurent parmi les objectifs importants des ODDs (Objectifs de Développement Durable) adoptés par les Nations Unies en septembre 2015. Constitués de 17 objectifs, les ODDs sont « un ensemble d’objectifs de développement durable pour éradiquer la pauvreté, protéger la planète et garantir la prospérité pour tous » (Nations Unies, 2015).

Les droits sexuels et reproductifs sont répertoriés dans 3 objectifs des ODDs : bonne santé et bien-être (objectif 3), éducation de qualité (objectif 4 ) et égalité entre les sexes (objectif 5) :

ODDs (Objectifs de Développement Durable)
adoptés par les Nations Unies en septembre 2015

Surpopulation et natalité

L’humanité n’est pas en risque d’extinction. Il y a au contraire un problème de surpopulation mondiale, avec une démographie galopante : « Nous serions plus de 7,6 milliards d’êtres humains sur Terre et deux milliards de plus en 2050. Quel est l’impact de la surpopulation sur l’environnement et les ressources mondiales ? (…) si la croissance des pays émergents poursuit son ascension et si les pays développés ne restreignent pas la pollution qu’ils engendrent, alors, la surpopulation mondiale aura une conséquence désastreuse sur l’environnement de notre planète. » (Futura Sciences, 2017)

Cette surpopulation mondiale résulte forcément d’un excédent de naissances par rapport aux décès, avec une densité de population différente en fonction des régions du monde et des phénomènes migratoires pour des raisons de guerres ou de problèmes économiques, par exemple :

« Si la population mondiale continue d’augmenter, c’est en raison de l’excédent des naissances sur les décès – les premières sont près de trois fois plus nombreuses que les seconds. » (Pison, 2017)

A plus long terme, si nous conservons nos modèles actuels, quoi que nous fassions, l’espèce est de toute façon menacée d‘extinction à terme, soit par implosion (pas assez de fertilité), soit par explosion (trop de fertilité).

« Si la famille de très petite taille devient un modèle dominant de façon durable, avec une fécondité moyenne inférieure à deux enfants par femme, la population mondiale, après avoir atteint le niveau maximum de dix milliards d’habitants, diminuerait inexorablement jusqu’à l’extinction à terme.

Mais un autre scénario est possible dans lequel la fécondité remonterait dans les pays où elle est très basse pour se stabiliser à l’échelle mondiale au-dessus de deux enfants. La conséquence en serait une croissance ininterrompue, et à nouveau la disparition de l’espèce à terme, mais cette fois par surnombre. Si l’on ne se résout pas aux scénarios catastrophes de fin de l’humanité, par implosion ou explosion, il faut imaginer un scénario de retour à terme à l’équilibre. » (Pison, 2017)

Avec le système économique actuel basé sur la croissance, il est clair qu’une baisse de la natalité créerait son effondrement : « Une natalité dynamique est cruciale en termes de solidarité nationale, car le renouvellement des jeunes générations permet de contribuer au financement des retraites des plus âgés. (…) Le fait que l’âge moyen à la maternité ne cesse de reculer, pour atteindre aujourd’hui 30,6 ans, joue un rôle déterminant. » (Le Monde, 2018).

Néanmoins, une baisse de la natalité est parfaitement logique dans la société actuelle qui n’est pas organisée pour recevoir autant de monde (pas d’emploi, ni de logement, chômage, précarité, etc.). Dans un tel contexte, procréer plus est absurde. C’est d’un changement de société dont nous avons besoin. Et ce sont les femmes qui peuvent initier ce processus en refusant de continuer à être exploitées pour leur utérus.

En Europe, l’on nous fait croire que si la natalité de nos pays continuait à baisser, notre système économique s’effondrerait, car il n’y aurait plus de croissance démographique. Alors, premièrement, la natalité en Europe ne baisse pas, elle ne cesse de croître. D’autre part, la natalité n’est pas un facteur suffisant pour évaluer la croissance démographique d’une région ou d’un pays, puisqu’il y a également l’arrivée de nouvelles personnes, avec leurs enfants, par exemple les migrants. C’est pourquoi l’Europe constate une croissance constante de sa population (1,5 million de personnes supplémentaires en 2016) grâce à l’arrivée des migrants.

« Une croissance continue de la population de l’UE-28 – La situation démographique actuelle de l’UE-28 est caractérisée par une croissance continue de sa population. (…) L’évolution de la population (positive, avec 1,5 million d’habitants supplémentaires) était donc due au solde migratoire. Le 1er janvier 2017, la population de l’UE-28 était estimée à 511,8 millions d’habitants, soit 1,5 million de personnes de plus que l’année précédente. » (Eurostat, 2017).

En France, depuis janviers 2018, le gouvernement revient sur cette question de natalité et de fertilité : « Une mission parlementaire réfléchit à la refonte des aides aux familles. Une tâche compliquée par la baisse de la natalité et de la fécondité. » (Godeluck, 2018).

A cette occasion, Guillaume Chiche, député LREM co-rapporteur de la mission parlementaire sur la politique familiale déclarait que faire baisser l’âge de la première maternité devait être une priorité. Pour ce député, la première maternité devrait idéalement se faire à 25 ans au lieu des 30,6 ans actuel, afin que les femmes procréent plus.

Guillaume Chiche : « La chute de la natalité est due à des facteurs multiples, et notamment à la situation économique. La politique familiale seule ne réglera donc pas tout, mais elle constitue un levier d’action important. Baisser l’âge de la première maternité doit par exemple être une priorité. En moyenne aujourd’hui, les mères ont 30,6 ans lors de la première naissance et cet âge est en constant recul depuis dix ans. L’une des conséquences est que ces femmes sont moins susceptibles d’avoir une famille nombreuse, la fécondité baissant après 35 ans.  (…) si l’on joue, par exemple, sur l’accès aux modes de garde. Ils sont aujourd’hui hors de portée des femmes de 25 ans. » (Lucas, 2018)

Démographie française au 1er janvier 2018

Source image : « Démographie : la natalité baisse (encore) en France »

Mais de quel droit ce député veut-il contraindre les femmes à procréer plus tôt et plus souvent, comme si elles étaient des animaux de ferme, selon le modèle de la ferme de la féministe Andrea Dworkin (Dworkin, 2012, pp. 174-186) ? Avoir des enfants plus tard est un choix de vie des femmes que la société doit prendre en compte en créant de nouveaux modèles de société au lieu de contraindre les femmes à procréer.

La baisse continue de la natalité en France depuis 3 ans semble incompréhensible pour le gouvernement. Pourtant les féministes n’ont cessé de dénoncer les violences que subissent les femmes autour du processus de procréation. La précarisation des femmes et les lois familles qui contraignent les femmes à rester près du père des enfants en raison de résidences alternées imposées sont sans doute des facteurs importants dans cette baisse de la natalité, de même que la non protection des femmes et des enfants victimes d’hommes violents. En effet, aujourd’hui, les femmes savent que la violence conjugale commence souvent lorsqu’elles sont enceintes (dans 40 % des cas de violence conjugale), car l’homme violent sait qu’il a des droits sur l’enfant à naître et que la femme ne peut plus fuir sa violence puisque la société ne protège pas les femmes violentées et leurs enfants. Il est parfaitement normal que dans un tel contexte les femmes ne veuillent plus procréer. Grâce aux luttes féministes, les femmes sont aujourd’hui mieux informées sur ces violences, ce qui leur permet de sortir peu à peu de l’emprise patriarcale et de reprendre le contrôle de leur corps, de leur utérus.

En revanche, si l’on donne aux femmes l’égalité, la PMA pour toutes et que l’on met fin aux violences machistes systémiques (Kuhni, 2018), etc. peut-être auront-elles à nouveau envie de procréer, lorsque c’est leur choix, bien évidemment.

Pour l’instant, les femmes n’ont pas conscience du pouvoir énorme que leur donne ce système économique entièrement basé sur leurs ventres. Sinon, elles auraient déjà utilisé ce pouvoir pour obtenir l’égalité des droits et la fin des violences à leur égard. Le jour où les femmes auront conscience du pouvoir gigantesque que leur donne leur utérus, elles aboliront rapidement la domination masculine, par exemple, en faisant des grèves d’utérus de quelques semaines ou quelques mois, jusqu’à ce qu’elles soient entendues. Les femmes accéderaient enfin à l’égalité et les violences machistes systémiques (Kuhni, 2018) n’auraient plus lieu d’être puisque les femmes auraient repris le pouvoir sur leurs utérus.

La pression sociétale pour que les femmes utilisent leur utérus (« culture des incubatrices »)

Dans nos sociétés patriarcales, depuis des millénaires, les femmes sont vues comme des incubatrices à la disposition des hommes et de la société, ce qui constitue clairement une exploitation reproductive. Cette « culture des incubatrices » s’est considérablement aggravée ces dernières années du fait qu’il est très facile aujourd’hui pour les hommes d’effacer les mères une fois qu’elles ont procréé (GPA, garde aux pères sans consentement de la mère, etc.). Autrement dit, de nos jours, on considère très souvent qu’une fois le bébé né, on n’a plus besoin des mères. Le texte visionnaire de la féministe américaine Andrea Dworkin sur le modèle de la ferme préfigure l’arrivée de cette nouvelle ère de l’intensification de l’exploitation reproductive des femmes (Dworkin, 2012).

Dans le cadre du couple, on trouve le sacro-saint « devoir conjugal » imposé depuis des millénaires aux femmes mariées et maintenant également à celles qui sont en couple. Ce « devoir conjugal » est en réalité un « viol conjugal » puisqu’il s’agit d’une contrainte au sexe, non de sexe consenti, que beaucoup de femmes nomment : « passer à la casserole » . La dessinatrice Marine Spaak a fait une BD remarquable sur ce thème. Intitulée « Passer à la casserole », cette BD est l’illustration d’une analyse sur le viol conjugal réalisée en décembre 2017 par la chercheuse Amandine Michez.

« Passer à la casserole » (Marine Spaak)

Source image :
« Passer à la casserole » : la BD qui brise le tabou du viol conjugal

« (…) dans le premier clip télé consacré au viol conjugal et réalisé par Collectif féministe contre le viol (CFCV) : on y découvrait une femme assise sur son lit, pendant que résonnait une voix d’homme en fond sonore : « Une femme elle doit répondre à toutes les envies de son mari. C’est ça le devoir conjugal. Et puis elle ne peut rien dire, avec les enfants qui dorment à côté. Où elle irait se plaindre ? « J’ai été violée par mon mari. » T’imagines ? […] Et le sexe, c’est humain. Alors c’est où il veut quand il veut. » Dans sa BD, Marine Spaak insiste fermement : « un rapport forcé est un rapport forcé. (…) C’est un viol conjugal. Et ça n’a RIEN de normal. » » (Elle, 2018).

Une fois de plus, ce « devoir conjugal » ou plutôt « viol conjugal » n’est autre qu’un « devoir de procréer », sachant que le mariage a notamment pour fonction de permettre aux hommes à s’approprier les utérus. Mais les femmes ne doivent surtout pas savoir que ce sont leurs utérus qui sont visés par cette contrainte au sexe, sinon elles auraient l’impression d’être exploitées. C’est pourquoi le « devoir conjugal » a été déguisé en « obligation de sexe » que les femmes mariées devaient de façon incontournable à leur mari. Comme l’insémination d’un utérus passe par la copulation, cette obligation de sexe remplit parfaitement sa fonction : il contraint les femmes mariées à avoir du sexe à tout moment afin que leurs utérus soient inséminables à volonté par les hommes. Et si les femmes ne procréent pas, cela se passe en général très mal pour elles, car il est inimaginable pour les hommes mariés de ne pas avoir accès à l’utérus de leur femme. Dans beaucoup de sociétés, les femmes mariées qui ne procréent pas sont même répudiées, ce qui montre à quel point les hommes ciblent les utérus lorsqu’ils se marient et non les femmes elles-mêmes, en tant que femmes.

De façon générale, dans nos sociétés dites développées, les femmes qui ne veulent pas d’enfants sont fortement stigmatisées, discriminées, considérées comme égoïstes, immatures, frustrées, ayant des problèmes psychologiques, etc. Aujourd’hui, toujours plus de femmes dénoncent cette violence à leur égard : « Exaspérées par une société qui les stigmatise, des femmes revendiquent leur choix de ne pas avoir d’enfants, jamais. Elles témoignent. » (Dupont, 2018).

Le plus dramatique dans tout cela, c’est que simultanément aux pressions exercées sur les femmes pour qu’elles procréent, la société a mis en place des discriminations du fait qu’elles procréent. Ce sont les classiques ordres contradictoires de la violence machiste systémique (Kuhni, 2018). Par exemple, dans le cadre professionnel, on va reprocher aux femmes le risque d’être enceinte pour les payer moins ou ne pas les engager. Ces discriminations servent à renforcer le pouvoir des hommes (domination masculine) en mettant les femmes dans la précarité et en les rendant ainsi totalement dépendantes des hommes.

Dans le même registre des pressions sociétales sur les utérus, les femmes qui demandent la stérilisation volontaire ont toutes les peines du monde à l’obtenir, alors qu’il s’agit d’une méthode de contraception permanente et fiable (ligature des trompes) que beaucoup de femmes de tous âges souhaitent. Mais bien évidemment, l’utérus d’une femme stérilisée n’est plus exploitable par la société patriarcale, on va donc empêcher coûte que coûte cette femme de se faire stériliser afin de ne pas perdre un utérus. Par contre, les hommes qui demandent à être stérilisés l’obtiennent très facilement (vasectomie) puisqu’ils ne sont pas des incubateurs et que ce sont eux les décideurs en matière de reproduction. Alors bien sûr, la vasectomie est réversible et la ligature des trompes définitive, mais les femmes ont le droit de décider si elles veulent procréer ou non. C’est leur choix, leur liberté, cela fait partie des droits sexuels et reproductifs édictés par l’OMS.

Et si les femmes choisissent d’enfanter, elles doivent pouvoir décider elles-mêmes à quel moment le faire et avec qui.

Le retour en force des lobbies anti-IVG

Dans le monde entier, on constate également un retour en force de puissants lobbies anti-IVG qui tentent par tous les moyens d’empêcher les femmes d’avorter ou de créer des lois interdisant l’avortement.

ARTE a diffusé le 6 mars 2018 un documentaire éloquent sur ce thème. Ce documentaire s’intitule « Avortement, les croisés contre-attaquent » (96 min.).

« A voir, ce documentaire glaçant de @ARTEfr sur Les stratégies des militant•e•s anti-IVG en Europe. (…) Il est préoccupant de constater qu’en 2018 le droit des femmes et des personnes qui détiennent un utérus à disposer librement de leurs corps est encore et toujours menacé. » (FéministesVsCyberH, 2018)

« Culpabilisation, moralisation et jugements : le parcours est semé d’embûches lorsque l’on souhaite avoir recours à une #IVG en Hongrie. » (ARTE, 2018a)

Voici le lien sur ce documentaire : ARTE, 2018b (vidéo disponible du 6 mars au 5 mai 2018).

 

Captures d’écran de la vidéo

Descriptif sur la page du documentaire : « Partout en Europe, de nouveaux militants, très organisés, mènent une redoutable croisade contre l’avortement et la liberté des femmes à disposer de leur corps. Une passionnante – et inquiétante – enquête dans ces réseaux d’influence.

Plus de quatre décennies après la loi Veil (1975), le droit à l’avortement subit une offensive concertée en Europe, menée par une nouvelle génération de militants, maîtres en communication et en pétitions. Dans les pays de l’Est, de la Pologne à la Hongrie, il a reculé sous l’égide de gouvernements ultraconservateurs, tandis qu’en Italie, sous l’influence de l’Église, 70 % de gynécologues « objecteurs de conscience » refusent désormais de pratiquer l’IVG – légale depuis quarante ans –, privant les femmes de la liberté à disposer de leur corps. En France, une petite légion d’activistes pro-life, avec à sa tête un jeune publicitaire, porte le combat sur le terrain culturel auprès des 15-35 ans, au travers des médias et des réseaux sociaux. Entre séduction et désinformation, leur campagne mêle conservatisme et style pop, reprenant pour mieux les détourner la terminologie des féministes. Fédérés et remarquablement organisés, ces soldats antiavortement exercent en outre un puissant lobbying à Bruxelles. Qui se cache derrière ces croisés modernes, qui mutualise leurs pernicieuses méthodes de persuasion et invoque les atteintes aux droits de l’homme et la liberté de choix (de vivre) dans leur guerre contre l’IVG ?

Inquiétante carte d’Europe

Au fil d’une rigoureuse investigation qui donne la parole à ces activistes comme aux femmes victimes de leur offensive, Alexandra Jousset et Andrea Rawlins-Gaston remontent ces réseaux pour dessiner une inquiétante carte d’Europe. Un état des lieux d’autant plus glaçant que ces croisés assument avec affabilité leur terrorisme psychologique, comme lors de cette séquence où des catholiques en Italie enterrent solennellement des fœtus collectés dans les hôpitaux. Le film met aussi au jour les circuits de financement de ces mouvements pro-life, très discrètement parrainés par de riches fondations américaines, liées à l’ultradroite et aux milieux évangélistes, comme par quelques oligarques russes, fondamentalistes orthodoxes. « Vous devrez rester vigilantes votre vie durant« , prophétisait Simone de Beauvoir, s’adressant aux femmes il y a 70 ans. Dont acte. » (ARTE, 2018b)

Les sanctions pour les femmes qui avortent (ou font des fausses couches)

Certains pays où les lobbies anti-IVG sont fermement installés n’hésitent pas à sanctionner très sévèrement les femmes qui avortent. Cette dictature sur les utérus va si loin que même les femmes qui font des fausses couches se retrouvent condamnées parfois à 30 ans d’emprisonnement.

Voici un reportage poignant intitulé « Salvador, 30 ans pour une fausse couche » avec interview de deux femmes condamnées à 30 ans d’emprisonnement pour avoir fait des fausses couches. Les 2 femmes interviewées dans le reportage sont :

Teodora del Carmen Vasquez de Saldana (34 ans – condamnée à 30 ans, incarcérée depuis 10 ans) qui sera libérée quelques jours plus tard ;

Alba Lorena Rodriguez Santos (29 ans – condamnée à 30 ans, incarcérée depuis 9 ans) enceinte suite à un viol collectif par 3 hommes.

Ces femmes sont impressionnantes de courage.

« Le Salvador fait partie des cinq pays du monde où l’avortement est totalement interdit, même en cas de viol, de danger pour la vie de la mère ou de malformation du fœtus.

Au Salvador, celles qui avortent finissent derrière les barreaux et certaines femmes victimes de fausses couches sont accusées d’homicide aggravé. Elles purgent des peines allant jusqu’à 30 ans de prison. » (Van Laer, 2018)

Salvador, 30 ans pour une fausse couche

Teodora del Carmen Vasquez de Saldana

Alba Lorena Rodriguez Santos

Source : Van Laer, 2018

Captures de la vidéo

Quelques jours après ce reportage, Teodora Vasquez a été libérée après avoir passé 10 ans et 7 mois en prison pour une fausse couche. Voici son histoire. » (Brut, 2018a ; Brut, 2018b)

Un autre article avec reportage (vidéo) à propos de la libération de Teodora Vasquez:

« Le Salvador possède l’une des législations anti-avortement les plus répressives au monde. Cette législation amène des situations extrêmes, comme celle de Teodora Vasquez : cette salvadorienne de 34 ans vient d’être libérée après avoir passé 11 ans derrière les barreaux pour une fausse couche » (Terriennes, 2018).

Avortements sélectifs (avortement des embryons féminins)

La situation est absurde. D’un côté, le patriarcat empêche les femmes d’avorter pour exploiter au maximum leurs utérus. Et de l’autre côté, dans certains pays, le patriarcat contraint les femmes à avorter les embryons féminins (avortements sélectifs), ce qui a pour conséquence un manque d’utérus pour procréer.

Alors pourquoi faire des avortements sélectifs pour d’éliminer les filles avant la naissance ? Parce que la société patriarcale crée tant de discriminations à l’égard des femmes et des filles que, dans certains pays, les parents ne veulent plus avoir de filles. Pour eux, un garçon est un investissement, alors qu’une fille est une perte.

Or ce sont les filles qui ont les utérus et sans ces utérus, l’humanité ne peut survivre. Donc en avortant les embryons féminins, la société se prive des ventres nécessaires pour sa survie. Il n’y a plus assez d’utérus pour procréer les précieux fils que les hommes veulent lorsqu’ils souhaitent se reproduire et « pouvoir faire du semblable à eux-mêmes » selon les termes de Françoise Héritier (Ina.fr, 2017).

L’Arménie, la Chine et l’Azerbaïdjan sont les pays où l’on pratique le plus d’avortements sélectifs :

« « Dans dix ou vingt ans, nous serons face à un déficit de femmes qui, combiné à un déclin dramatique du taux de fécondité, aboutira à une crise démographique sérieuse », s’inquiète Garik Haïrapetian, le représentant de l’Arménie au FNUAP. (…) « D’ici 2060, 100.000 mères potentielles ne seront pas nées en Arménie. (…) les Nations unies (…) attribuent ce déficit de femmes aux « structures patriarcales » qui prévalent dans les deux pays, (…) »Nous devons nous attaquer à l’origine du problème, la mentalité patriarcale et la pauvreté très répandue, et non à ses conséquences » (…) « si les hommes et les femmes avaient les mêmes opportunités, si les femmes pouvaient aussi bien réussir que les hommes et être aussi indépendantes qu’eux financièrement, aucun parent n’aurait à choisir entre avoir un garçon ou une fille ».  » (L’Obs, 2018)

« Après la Chine et l’Azerbaïdjan, l’Arménie est le troisième pays au monde à pratiquer le plus d’avortements ciblés sur les embryons féminins. (…) Les garçons sont (…) considérés comme un investissement et les filles comme une perte. (…) Une situation alarmante pour Garik Hayrapetyan, directeur du FNUAP-Arménie : « D’après nos informations, 100 000 filles ou futures mères ne naîtront pas d’ici 2080 si la situation actuelle ne change pas. » » (Brut, 2018d)

Les violences obstétricales et gynécologiques

Les violences obstétricales et gynécologiques font partie de l’appropriation du ventre des femmes par les hommes. Les femmes sont infantilisées, pas libres de leurs choix (contraception, stérilisation, etc.) et l’on contrôle leur appareil reproducteur comme on contrôle une voiture.

Dans un tel système, il faut que les femmes se taisent, qu’elles souffrent en silence, qu’elles accouchent et vivent leur grossesse sans se plaindre, comme si tout était merveilleux, facile et que faire un enfant n’était pas plus difficile que de boire ou manger. Comme dans tout système de violence, on trouve même une inversion : ce sont les hommes qui vont se plaindre que l’accouchement était tellement difficile, insupportable, etc. pour eux, alors que les femmes doivent sourire et donner l’impression d’avoir accouché comme si ce n’était qu’une petite formalité.

Marie-Hélène Lahaye est une féministe, juriste militante pour un accouchement respectueux des femmes et lanceuse d’alerte belge qui tient depuis 2013 le blog « Marie accouche là » sur les violences obstétricales. Elle est l’autrice du livre « Accouchement : les femmes méritent mieux » publié le 4 janvier 2018 aux éditions Michalon (Marie accouche là, 2018).

Source image : « Accouchement : les femmes méritent mieux »

« Depuis les années 1960, l’hôpital est devenu le lieu de l’accouchement. Disparues les terreurs d’antan et les souffrances d’un autre âge : la péridurale y est aujourd’hui reine pour supprimer les douleurs.

Pourtant, dès que l’on questionne les femmes sur leur expérience, nombreuses sont celles qui font part de vexations, d’intimidations, de coercitions, voire de brutalités et de violences. Ce qui devait être un heureux événement se transforme en cauchemar sous la pression des médecins qui suivent les protocoles hospitaliers.

« On m’a volé mon accouchement. » Le refus d’entendre les femmes et la domination que les soignants exercent sur elles est à l’origine de traumatismes physiques et psychiques considérables. Un grand nombre des dépressions post-partum ou des syndromes de stress post-traumatique trouvent probablement là leur cause. Restée longtemps cachée, cette violence commence à apparaître au grand jour, alors que la parole des femmes se libère enfin.

L’obstétrique est profondément misogyne. Elle considère les femmes comme faibles, malades, dangereuses, dont le corps serait inadapté pour mettre les enfants au monde. L’accouchement est ainsi resté l’un des derniers bastions de la domination masculine.

Rendre les femmes maîtresses de leur accouchement exige, ni plus ni moins, une révolution. En analysant les pratiques autour de l’accouchement à travers la littérature scientifique, les recommandations des instances de santé et les travaux d’historiens et d’anthropologues, Marie-Hélène Lahaye signe un document majeur, livre-clé dans la réorientation des politiques à mener autour des droits des femmes. » (Michalon, 2018)

Quant à la journaliste Mélanie Déchalotte, elle travaille depuis plusieurs années à dénoncer les violences gynécologiques et obstétricales. Elle est à l’origine du documentaire qui a permis en 2015 de briser le tabou des violences gynécologiques. Ce documentaire intitulé « Collection témoignage : maltraitances gynécologiques » a été diffusé le 28 septembre 2015 sur France Culture. Mélanie Déchalotte est également l’autrice de l’ouvrage « Le Livre Noir de la gynécologie » paru le 5 octobre 2017 (Déchalotte, 2018).

Source image : « Le livre noir de la gynécologie »

Voici une remarquable interview de Mélanie Déchalotte (11 min. 45) sur TV5Monde à propos de ce livre : « Le livre noir de la Gynécologie: Des violences faites aux femmes avec Mélanie Déchalotte » (TV5Monde, 2017).

Au cours de cette interview à recommander et à diffuser le plus possible, Mélanie Déchalotte parle des violences gynécologiques et obstétricales, ainsi que des conséquences post-traumatiques qui sont les mêmes que celles des violences sexuelles. L’interview permet de prendre conscience que les violences gynécologiques, obstétricales et sexuelles sont toutes du même ordre et qu’elles servent à déposséder les femmes de leurs organes reproducteurs, afin de les mettre à disposition des hommes pour qu’ils puissent les exploiter pour eux-mêmes.

Descriptif de la vidéo de TV5Monde : « Paternalisme, sexisme, examens brutaux, paroles déplacées ou culpabilisantes, humiliations, absence de consentement, épisiotomies superflues, déclenchements abusifs d’accouchement (…) La journaliste Mélanie Déchalotte propose avec « Le livre noir de la gynécologie » aux Éditions First, une relecture plus éthique et humaniste des pratiques qui accompagnent les femmes leur vie durant, de la puberté à la ménopause… » (TV5Monde, 2017)

Mutilations génitales féminines

Les mutilations de l’appareil génital féminin sont de 2 ordres : celles à visée sexuelle et celles à visée reproductive.

Les mutilations sexuelles féminines (MSF)

Les mutilations sexuelles féminines (OMS, 2018) servent à rendre les rapports sexuels douloureux pour les femmes et à entraver leur plaisir sexuel, dans le but que les femmes ne trompent pas leur mari. Les femmes mutilées ont également l’obligation d’être vierges avant le mariage, alors que les maris, souvent polygames, ont la plupart du temps déjà eu plusieurs partenaires pour le sexe. Par ce moyen, les femmes sont réduites à l’état de reproductrices appartenant à un seul homme. Le sexe se résume alors souvent en un acte purement reproducteur, reléguant ouvertement les femmes au modèle de la ferme décrit par la féministe américaine Andrea Dworkin (Dworkin, 2012).

Les mutilations sexuelles féminines (MSF) sont comparables à une castration pour un homme, sauf que les organes reproducteurs des femmes et des filles restent intacts, à condition que les complications et séquelles ne les détruisent pas. Seul le plaisir sexuel est entravé, voire substitué par la douleur.

Le Dr. Mukwege est connu internationalement en tant que grand spécialiste pour « réparer » les femmes excisées ou mutilées lors de viols de guerre. Il exerce au Congo, dans son hôpital de Panzi : « Depuis 1999, il a soigné plus de 50 000 femmes mutilées et excisées. Denis Mukwege, né en 1955 dans le Sud-Kivu en République démocratique du Congo, est un gynécologue et militant des droits humains qui dénonce le recours au viol comme arme de guerre et les mutilations génitales faites aux femmes. Surnommé « l’homme qui répare les femmes », il est aujourd’hui une figure de la lutte contre les violences faites aux femmes. » (Brut, 2018f). En effet, le clitoris est un organe de taille beaucoup plus grande qu’on ne le croit, puisqu’il mesure de 8 à 10 centimètres de long et de 3 à 6 centimètres de large (Kuhni, 2017). Par conséquent, lorsqu’il n’y a pas eu ablation totale du clitoris, il est possible de le reconstituer en utilisant la partie toujours présente du clitoris. C’est ce qui a permis au Dr. Mukwege de « réparer » de nombreuses femmes excisées.

Les mutilations sexuelles féminines (MSF) sont pratiquées sur les filles (souvent des bébés ou des filles très jeunes) et les femmes. Les mutilations les plus courantes sont :

– la clitoridectomie (ablation totale ou partielle du clitoris et/ou du capuchon du clitoris) ;

– l’excision (ablation totale ou partielle du clitoris, avec ablation totale ou partielle des petites lèvres, avec ou sans excision des grandes lèvres) ;

– l’infibulation (fermeture de la vulve en cousant les grandes lèvres et/ou les petites lèves, avec ou sans excision du clitoris), le résultat est un très fort rétrécissement de l’orifice vaginal, donc il ne reste plus qu’une petite ouverture au bas de la vulve.

Les conséquences des mutilations sexuelles féminines (MSF) sont nombreuses et graves pour la santé, avec parfois un risque mortel.

« 1. Les conséquences immédiates

La vulve est une région du corps très vascularisée et très innervée, particulièrement au niveau du clitoris.

La section du clitoris et des petites lèvres entraîne une douleur très intense, intolérable, accompagnée de peur, d’angoisse et parfois d’un grave état de choc.

Un saignement éventuellement hémorragique peut entraîner la mort.

L’émission d’urines sur la plaie occasionne des brûlures et parfois une rétention d’urines réflexe.

2. Les conséquences ultérieures

Pratiquées dans des conditions d’hygiène souvent précaires, l’excision et l’infibulation sont à l’origine d’infections multiples, vulvaires, urinaires et gynécologiques, ces dernières pouvant entraîner une stérilité.

La diffusion des infections peut s’étendre et générer des septicémies qui, sans traitement adéquat, peuvent évoluer vers la mort. On peut également évoquer le tétanos et le SIDA.

Excision et Infibulation occasionnent des complications obstétricales. Sans aide appropriée, la femme infibulée et l’enfant qu’elle porte sont menacés de mort au moment de l’accouchement. Des soins attentifs ne permettent pas toujours de prévenir les déchirures du périnée, très fréquentes chez les femmes excisées. Malgré les épisiotomies, les femmes excisées ont des déchirures périnéales trois fois plus fréquentes que les autres à leur premier accouchement et encore plus par la suite…

Plusieurs études africaines rapportent des souffrances fœtales plus nombreuses chez les enfants nés de femmes mutilées.

Le gland clitoridien est la partie la plus sensible des organes génitaux externes de la femme. On y retrouve les corpuscules tactiles spécifiques de Krause-Finger dits de la volupté. Ils n’existent nulle part ailleurs et la blessure ou l’ablation partielle ou totale du clitoris entraînent inévitablement une altération de la sensibilité sexuelle.

Il existe bien d’autres complications des mutilations sexuelles féminines. On citera encore : les fistules vésico-vaginales ou recto-vaginales : un accouchement qui dure trop longtemps chez une femme, a fortiori mutilée, peut entraîner la nécrose (mort) des tissus séparant la vessie ou le rectum du vagin. Un passage sera ainsi créé entre la vessie et le vagin ou entre le rectum et le vagin. La jeune femme ne pourra plus retenir ses urines ni ses selles qu’elle perdra en permanence. On peut réparer de telles fistules en milieu chirurgical. Mais, en Afrique, il n’est pas toujours possible à une villageoise d’accéder à un hôpital, de surcroît à un service spécialisé. Devenue incontinente, la jeune femme sera progressivement mise à l’écart par sa famille et par son village. Elle tentera parfois de se suicider.

De nombreux auteurs rapportent des complications psychiatriques, des angoisses, et notamment des dépressions. » (Fédération GAMS, 2016).

Les mutilations reproductives

Les mutilations reproductives servent à détruire la capacité reproductrice d’un peuple en détruisant l’appareil reproducteur des femmes et des filles, ce qui confirme que les utérus sont la richesse d’une nation ou d’une population, le bien le plus précieux pour les hommes.

Le président Rodrigo Duterte demande aux soldats
de tirer dans le vagin des femmes rebelles

Un exemple récent : en février 2018, le président philippin Rodrigo Duterte a appelé à tirer dans le vagin des femmes rebelles, détruisant ainsi la capacité de reproduction de cette population.

« Le président des Philippines, Rodrigo Duterte, a ordonné à ses soldats de «tirer dans le vagin des rebelles (…) «Dites aux soldats qu’il y a un nouvel ordre qui vient du maire. Nous ne vous tuerons pas. Nous tirerons dans vos vagins» a-t-[il]dit à un public exclusivement masculin en parlant des femmes rebelles. » (CNEWS Matin, 2018).

Les mutilations reproductives sont souvent perpétrées pendant les viols de guerre les hommes mutilent les organes génitaux des femmes et des filles (les violeurs leur plantent des couteaux dans le vagin, etc.), afin de détruire leur capacité de reproduction. Dans ces cultures, les femmes et les filles violées et mutilées génitalement sont souvent exclues de leur foyer, parce qu’elles ne peuvent plus reproduire et qu’elles ne sont plus vierges. Pour les hommes, la virginité est la garantie qu’ils sont bien les pères biologiques des enfants. Par conséquent, pour la famille, les filles non vierges sont une perte économique, car elles ne peuvent plus être mariées.

Dans son hôpital de Panzi, au Congo, le Dr. Mukwege opère également ces femmes et ces filles dont l’appareil génital a été détruit lors de viols (parfois des bébés).

« Pour Denis Mukwege, qui a opéré ces femmes dont l’appareil génital avait été détruit lors de viols barbares (…) Dans son hôpital de Panzi, il fait face à la terreur : viols collectifs, souvent avec objets contondants, avortements à mains nues, utérus et seins sectionnés… Outre le traumatisme, les dégâts physiques occasionnent des plaies purulentes, des incontinences, une stérilité qui condamnent ces femmes à vivre dans la misère et l’isolement. (…) le viol répond toujours à une « stratégie », celle de détruire les femmes. Vous « réparez » également des petites filles, voire des bébés, après des viols avec objets contondants. (…) Celle dont l’appareil génital a été détruit lors d’un viol est rejetée par sa famille, son mari. Elle est incontinente, ne peut plus enfanter et se retrouve au ban de la société. » (Mongibeaux, 2016)

Hôpital de Panzi

Source image : site de l’Hôpital de Panzi

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Une réflexion sur “Domination masculine et appropriation du ventre des femmes

  1. Ping : Le tueur avait pourtant l’air « très gentil » – Marianne Kuhni

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